Fête du Travail : première célébration en 1938

Le Premier mai qui est aussi la Journée internationale des travailleurs trouve son origine au 19e siècle lorsque les mouvements ouvriers manifestaient pour la réduction du temps de travail à une journée de huit heures.

À cette époque, la durée de la journée de travail était de 10 h, voire plus et dimanche compris, dans la plupart des pays industrialisés. Aux États-Unis, à leur congrès de 1884, les syndicats américains voulurent imposer aux patrons une limitation de la journée de travail. Ils choisirent de lancer leur action le 1er mai, qui marquait le début de l’année comptable dans les entreprises. Trois ans plus tard, à Chicago le 3 mai 1886, une manifestation fit trois morts puis le lendemain une bombe explosa devant les forces de l’ordre, faisant de nouvelles victimes. À la suite de cet attentat, cinq syndicalistes furent condamnés à mort.

Le 1er mai 1890, en référence aux événements de Chicago, les mouvements ouvriers organisèrent des manifestations dans la plupart des pays. Le 1er mai 1891, à Fourmies, dans le nord de la France, la troupe tira sur la foule. Dix personnes furent tuées, dont deux enfants. La lutte ouvrière s’enracinait dans le drame…

À Maurice, l’initiative de célébrer la fête du Travail remonte à 1934, quand le Dr Maurice Curé fit son entrée au Conseil. Il commença alors une campagne en faveur des travailleurs… Peu de temps après, en aout 1937, le mouvement fut ébranlé par un drame. À cause d’un litige entre petits planteurs et usiniers des conflits éclatèrent à Flacq et à L’Escalier qui se terminèrent par des fusillades, faisant quatre morts parmi les laboureurs.

Cela n’empêcha pas le mouvement ouvrier de célébrer, le 1er mai 1938, la première fête du Travail à Maurice. Elle eut lieu au Champ-de-Mars, à l’appel du Dr Maurice Curé, en accord avec le syndicaliste Emmanuel Anquetil et le pandit Sahadeo. Sacrifiant une journée de paie, quelque 30 000 travailleurs défilèrent, depuis la place de la gare jusqu’au Champ-de-Mars. La foule réclamait l’amélioration des conditions des travailleurs et la proclamation du 1er mai comme jour férié.

En septembre 1938, des grèves éclatèrent dans les docks et sur les propriétés sucrières. Devant l’ampleur du mouvement, le gouvernement colonial mit les dirigeants sous étroite surveillance. La police assistait aux meetings et notait tout ce qui se disait pour le rapporter au Gouverneur. Le patronat, de son côté, réclama plus de fermeté pour mettre fin à la « subversion ». Le 8 septembre, l’état d’urgence fut proclamé, suivi de la déportation d’Emmanuel Anquetil à Rodrigues. À la même période, les premières associations industrielles voyaient le jour.

Après deux siècles d’esclavage puis d’engagisme, synonymes de servilité et d’exploitation, les leaders syndicaux des années 1940 militèrent pour de meilleures conditions de travail. Célébrer le travail comme cela se faisait ailleurs, avec l’octroi d’un jour férié, était le moyen logique d’enraciner cette lutte dans la dignité et la reconnaissance.

Sources : L. Rivaltz Quenette, Emmanuel Anquetil – Rajpalsingh Allgoo, Le mouvement syndical à l’île Maurice – Mée P. Rivière, Guy Rozemont, le défenseur des plus démunis.

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