Port-Louis lieu de ravitaillement en eau douce, peuplé de lamantins

Port-Louis fête en août le cinquantenaire de son accession au statut de cité… Mais avant que Mahé de La Bourdonnais n’en fasse un port et une ville, le site servait de point de ravitaillement en eau douce pour les navires de passage et était peuplé d’animaux aquatiques.

Lorsque les Hollandais s’installèrent durablement dans le sud-est de Maurice, à partir de 1638, le gouverneur d’alors, Cornelius Gooyer, envoya un détachement au lieu-dit du Port Nord Ouest ou Nordt Wester Havent, pour surveiller la côte. Les navires de toutes nationalités qui affrontaient la traversée de l’Océan Indien s’y approvisionnaient aux ruisseaux qui descendaient des montagnes mais surtout à la rivière qui se trouvait à quelques lieues plus au sud (aujourd’hui Grande Rivière Nord Ouest). A son embouchure, on y trouvait du poisson, des écrevisses, des huîtres en grande quantité et même des lamantins…

En 1707, au départ définitif des Hollandais la population du Port Nord Ouest se composait de “15 hommes, 12 femmes, 32 enfants et 47 esclaves”. Huit ans plus tard, en 1715, c’est au Port Nord Ouest que les Français prirent possession de Maurice, sans toutefois occuper les lieux. Et c’est toujours au Port Nord Ouest que le premier gouverneur de l’Isle de France, Denis Denyon, s’installa en 1722.

A cette époque, le site était recouvert d’une végétation dense qui descendait jusqu’au rivage envahi par la mangrove. Du temps des Hollandais, on y trouvait des palmiers, des arbustes côtiers et de petits marécages. La côte était sablonneuse, bordée de coraux et découpée par plusieurs ruisseaux que l’on retrouve aujourd’hui encore (Ruisseau du Pouce, notamment).
Les premiers habitants s’installèrent dans la partie centrale où la végétation était moins dense. Ils y construisirent des cases en bois recouvertes de feuilles de palmiers avec une grande case centrale pour le gouverneur, une chapelle et même une prison. Ils y aménagèrent de petites plantations et s’adonnèrent aussi à l’élevage, capturant  cabris et cochons sauvages que l’on trouvait dans l’île. Cet espace est compris aujourd’hui entre la Place de la Cathédrale, le Jardin de la Compagnie et le front de mer.
Mais les débuts s’avérèrent plus difficiles que prévu et les habitants durent faire face aux cyclones, aux attaques d’esclaves marrons et aux disettes. Sous les gouverneurs successifs, le Port Nord Ouest se développa lentement. En 1729, de nouveaux colons vinrent renforcer le contingent existant et il leur fut octroyé de petits parcelles de terre pour la culture et l’élevage.
Entretemps, l’un des gouverneurs avait fait construire un bâtiment administratif à l’emplacement de l’actuel Bâtiment du Trésor (devenu Bureau du Premier Ministre). Une petite église avait été constuite au nord-est et à laquelle on donna le nom de St Louis. Un hôpital de 30 à 40 lits avait été aménagé plus au sud à côté duquel se trouvait le cimetière, à l’emplacement actuel compris entre la rue du Vieux Conseil et le Ruisseau du Pouce. Toutes les constructions étaient en bois, recouvertes de feuilles de palmiers et sommes toutes assez précaires…
Dans le port, un îlot long et étroit fermait la rade à l’ouest (l’île aux Tonneliers) et au sud se trouvait la pointe dite du Codan ou Caudan. La mer s’avançait jusqu’à l’emplacement actuel de la Place Guy Rozemont, longeait ce que sont aujourd’hui devenues la rue Moka et La Chaussée, jusqu’à la Place d’Armes. Au nord, se trouvait d’abord une anse à proximité des rues de La Reine et Royale, bordée d’un marécage alimenté par un ruisseau. Une presqu’île s’avançant vers le nord, abritait une batterie puis un moulin à vent – cet édifice existe encore aujourd’hui sur le front de mer- puis la mer s’avançait à nouveau dans la terre pour former le Trou Fanfaron, aujourd’hui situé en face de la Gare du Nord.
Devenu le chef-lieu en 1731, le Port Nord Ouest, baptisé entretemps Port Louis, allait connaître, à partir de 1735, sous Mahé de La Bourdonnais, neuf ans de transformation radicale. Et c’est finalement en août 1962, à la suite d’un vote unanime du Conseil municipal qu’une pétition fut soumise à la reine Elizabeth II pour que Port-Louis accède au statut de cité. La décision finit par tomber le 24 août 1964 mais ce ne fut qu’au mois d’août 1966 qu’elle prit officiellement effet.
 
 Sources: Port-Louis, histoire d’une capitale, de Jean Marie Chelin (à paraître) – Le Mauricien
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