Maurice a 51 ans. Histoire(s) Mauricienne(s) aura bientôt 5 ans. Nous vous proposons une série de portraits de grands Mauriciens disparus, qui ont eu un rôle de premier plan dans l’histoire de leur pays. Elle culminera par la publication d’un numéro spécial en fin d’année. Vos likes détermineront votre personnalité préférée !
Elle avait 32 et a traversé l’univers tourmenté de la lutte syndicale des années 1940 comme une météorite. Anjalay Coopen, née Soondrun Pavattan, a vu le jour en février 1911 dans le district de Rivière du Rempart. Elle a été abattue le 27 septembre 1943 à Belle Vue Harel alors qu’elle manifestait pour les droits des travailleurs de l’industrie sucrière. Elle travaillait dans les champs et était enceinte au moment de sa mort. Anjalay est devenue une icône de la lutte contre la répression de l’administration britannique et la domination de l’oligarchie sucrière.
Le 13 septembre 1943, une grève démarre sur la plantation sucrière de Belle Vue Harel. Comme sur toutes les autres plantations de Maurice, les grévistes demandent une augmentation de salaire et des conditions de travail décentes. Le 17 septembre, la situation devient tendue, la police intervient mais le mouvement ne faiblit pas. Le 27 septembre, les travailleurs organisent une cérémonie religieuse sur la propriété sucrière. Des renforts arrivent et trouvent quelques centaines de femmes, d’hommes et d’enfants armés de bâtons et de pierres qui refusent de se disperser. La foule hostile commence à lancer des projectiles. La police va tirer à balles réelles.
Plusieurs personnes sont blessées et trois meurent sur le coup : parmi ces trois victimes se trouvent Anjalay Coopen. Les deux autres victimes sont Kistnasamy Mooneesamy et Moonsamy Moonien. Neuf jours plus tard, Marday Panapen, un quatrième travailleur décède de ses blessures à l’hôpital de Port-Louis.
Le 26 janvier 1991, le stade de Belle-Vue Harel est erigé sur les lieux de la tuerie et prend le nom d’Anjalay. En 1995, une statue est érigée en l’honneur de cette martyr de la lutte des travailleurs à l’Aapravasi Ghat, à Port-Louis. Le 13 décembre 2000, un timbre est édité à son effigie. En septembre 2003, une stèle est érigée pour lui rendre hommage, dans le village de Cottage, où ses camarades Kistnasamy Moonesamy, Moosamy Moonien et elle furent incinérés.
Le 29 août 2007, une statue d’Anjalay est érigée devant le nouveau Centre des Droits Humains en face de la Cour Suprême de Port-Louis. Le 8 mars 2015, Anjalay Coopen est honorée par le ministère de l’Égalité des genres, du Développement de l’enfant et du Bien-être de la famille.