Maurice a 51 ans. Histoire(s) Mauricienne(s) aura bientôt 5 ans. Nous vous proposons une série de portraits de grands Mauriciens disparus, qui ont eu un rôle de premier plan dans l’histoire de leur pays. Elle culminera par la publication d’un numéro spécial en fin d’année. Vos likes détermineront votre personnalité préférée !
Charles-Edouard Brown-Séquard, né Mauricien, naturalisé Français, était probablement l’un des plus grands savants que le monde ait connu. Grand voyageur, médecin au grand cœur, il était surtout doté d’un pouvoir d’observation pratiquement sans égal et peut être comparé, au niveau scientifique, à quelqu’un comme Isaac Newton. Son parcours professionnel est exceptionnel et ses travaux en font une sommité du monde médical.
Né en 1817 à Port-Louis, Charles-Édouard Brown-Séquard est le fils unique d’Henriette Perrine Charlotte Séquard née à Port Louis en 1788 et de Charles Edouard Brown né en 1784 à Philadelphie. De nationalité mauricienne, sujet britannique, avec des descendances américaines et françaises, avec un père américain, disparu en mer avant sa naissance et une mère aux origines modestes, il a eu du mal à se faire accepter dans tous les pays où il a vécu. Ceci explique certainement en partie sa nature de nomade.
Etudiant en médecine à Paris en 1842, médecin à Maurice, puis aux Etats-Unis, à la faculté du Collège médical de Virginie, il pratique aussi à Londres en 1859, avant d’être professeur de physiologie et de neuro pathologie à Harvard de 1864 à 1867. A partir de 1869, il est professeur à la Faculté de Médecine de Paris et en 1878 pratique à nouveau à New York avant un retour final en France où il obtient la naturalisation française et prend la succession de Claude Bernard au Collège de France en 1878. Il est nommé à la chaire de médecine expérimentale en 1878 toujours et est élu membre de l’Académie des sciences en 1886.
Brown-Séquard se consacre beaucoup à la recherche, ses talents et sa curiosité naturels lui conférant des atouts majeurs dans ce domaine. Au départ, il s’intéresse plus particulièrement au système digestif et fait montre d’une étonnante détermination dans ses recherches. Ainsi, il n’hésite pas à ingurgiter des éponges puis à les régurgiter afin d’analyser les sucs gastriques… Il côtoie également Armand Trousseau et Henri Louis Roger ses aînés qui figurent parmi les plus grands cliniciens de l’époque. Mais comme Claude Bernard il préfère ne pas se sédentariser dans la pratique médicale et se consacre avant tout aux investigations physiologiques.
Il épouse une jeune fille de Boston, Ellen Fletcher. Mais l’envie de voyage le tenaille et il finit par s’embarquer pour la France, puis pour Maurice où il débarque en compagnie de son épouse en 1854. Une épidémie de choléra fait rage dans l’île qui finira par faire plus de 8 000 victimes. Immédiatement, Brown-Séquard aide à organiser les services d’urgences et à soigner les malades. Il se met en tête de trouver au plus vite un remède contre cette maladie. Pour faire avancer ses recherches, il n’hésite pas à ingérer du vomi afin de se rendre malade pour pouvoir, par la suite, tester l’efficacité de certains remèdes… mais manque de succomber après avoir ingurgité une trop forte dose de laudanum!
Le 3 août 1878 il succède à Claude Bernard au Collège de France, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort. Il partage alors son temps entre Paris et Nice, laissant le soin à son assistant, Jacques Arsène d’Arsonval de donner des cours à sa place. En 1886, il est élu à l’Académie des Sciences. Sa notoriété dans le domaine de la recherche atteint son summum.
Brown-Séquard meurt en 1894 à Sceaux. Il est enterré au cimetière Montparnasse. De par sa nature extraordinaire, Charles-Edouard Brown-Séquard a définitivement marqué son époque même s’il reste trop largement méconnu et que peu de souvenirs subsistent de lui, hormis le nom d’une rue dans le XVe arrondissement de Paris et celui de l’hôpital psychiatrique de Maurice.