Ces grands commerçants qui firent la réputation de Port-Louis

Histoire(s) Mauricienne(s), en collaboration avec la Mauritius Ports Authority (MPA), vous raconte l’évolution du port de Port-Louis, depuis les origines jusqu’à la fin du 20e siècle. Une invitation à parcourir 400 ans d’histoire.

Au 19e siècle, Maurice renforça son statut d’île à sucre. La production de sucre était exportée de Port-Louis, principalement en Angleterre mais aussi vers l’Inde et l’Australie. Le port devenait une plaque tournante du commerce du sucre avec la création de plusieurs maisons de commerce.

James Blyth débarque à Port-Louis en septembre 1830. Il vient y fonder une branche de la compagnie anglaise Thomas Blyth and Sons. Considéré comme un personnage hautain, très critique de la société insulaire, il est surtout un homme d’affaires avisé. Il développe rapidement les activités de la nouvelle compagnie et n’hésita pas à se diversifier en devenant, notamment, le fournisseur des bals, réceptions et fêtes…

A la fin des années 1830 et au début de la décennie suivante d’autres maisons  de commerce spécialisées dans l’exportation de sucre, l’import-export, la représentation maritime et le commerce. Scott & Co. est fondée par les Ecossais Alexander Scott et R.B. Bell. Edward mayer fonde la maison  Mayer, opérant un hôtel et un grand magasin et qui étendra rapidement ses activités dans le domaine portuaire et les docks. Edouard Elias et Joseph Mallac lancent, de leur côté Elias, Mallac & Co. Puis la première maison de commerce chinoise, Ah Waye, voit le jour. Au début des années 1840, Ismaël Seth puis Joonas Allakaria seront les premiers musulmans à fonder des maisons de commerce pour l’import-export. Les Tamouls ne furent pas en reste puisque que la maison  I. Valadon vit elle le jour en 1851.

Durant la seconde moitié du 19e siècle, Port-Louis allait progressivement changer de configuration. Après l’abolition de l’esclavage et l’introduction de l’engagisme, les coolies prirent la place des esclaves dans les travaux portuaires. Les progrès enregistrés dans le domaine maritime avaient eu des effets bénéfiques sur le port mauricien qui se retrouvait désormais beaucoup plus proche de l’Europe grâce aux effets combinés de l’ouverture du canal de Suez et de la navigation à vapeur. Des navires de fort tonnage fréquentaient le port qui dut adapter ses infrastructures. Port-Louis restait toujours une étape importante entre l’Asie et l’Afrique

A la fin de l’année 1869 un événement de taille allait modifier la navigation dans l’océan Indien. Le 17 novembre 1869, c’est l’ouverture du canal de Suez. La distance de navigation dans cette partie du monde, entre l’Europe et l’Asie, est abrégée de 8 000 kilomètres. Ainsi, pour aller d’Angleterre en Inde, il n’était plus nécessaire de contourner le continent africain.

A Port-Louis, cela crééa un veritable bouleversement des affaires. Le port mauricien ne jouissait plus du statut d’escale essentielle entre l’Europe et l’Asie. En à peine deux décennies, le port de voiliers était devenu un port à sucre accueillant des navires à vapeur de fort tonnage. Beaucoup de maisons de commerce spécialisées dans la navigation à voile durent fermer boutique. Par ailleurs, pendant plusieurs années, les activités économiques tournèrent au ralenti à la suite d’une vague d’épidémies qui provoqua un véritable exode de population.

Malgré cette crise sans précédent le petit port mauricien sut remonter la pente. Si le nombre de bateaux diminuait, le volume du tonnage, lui, augmentait. Les progrès enregistrés dans le domaine maritime eurent des effets bénéfiques sur Port-Louis qui se retrouvait aussi beaucoup plus proche de l’Europe grâce aux effets combinés de l’ouverture du canal de Suez et de la navigation à vapeur. De plus, la liberté de commerce instaurée à partir de 1850 encouragea les grandes compagnies maritimes comme la British India Steam Navigation Company, très active sur l’Afrique de l’est, l’Inde et le reste de l’Asie, à établir une ligne sur Port-Louis.

Mais c’est surtout la compagnie française des Messageries Impériales, devenue par la suite Messageries Maritimes, et représentée par Blyth Brothers, qui allait jouer un rôle essentiel dans les liaisons maritimes. A partir de 1864, elle exploita de façon intensive le trajet entre Marseille et les Mascareignes, via Suez, l’Afrique de l’Est et Madagascar. Elle allait grandement contribuer au développement des communications entre Maurice et l’Europe et au raffermissement des liens avec la France. Au tournant du siècle, Port-Louis était parfaitement connecté avec le monde.

 

Sources: Port-Louis, histoire d’une capitale, de Jean Marie Chelin – Histoire de la colonie, d’Amédée Nagapen

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