Maurice a 51 ans. Histoire(s) Mauricienne(s) aura bientôt 5 ans. Nous vous proposons une série de portraits de grands Mauriciens disparus, qui ont eu un rôle de premier plan dans l’histoire de leur pays. Elle culminera par la publication d’un numéro spécial en fin d’année. Vos likes détermineront vos personnalités préférées !
Trois hommes se sont distingués dans la lutte pour l’émancipation de la classe laborieuse et le respect des droits humains à Maurice. Leur combat a permis au pays d’accéder au suffrage universel et de marcher vers l’indépendance. Mais ils ont aussi ouvert la voie pour que tous les Mauriciens, surtout ceux au bas de l’échelle, de se tenir debout et de retrouver une dignité. Ils sont un médecin, un syndicaliste et un travailleur social. Tous trois sont à l’origine de la création du Parti travailliste mauricien. Ils sont Maurice Curé, Emmanuel Anquetil et le Pandit Sahadeo.
Emmanuel (Jean Baptiste Caromi) Anquetil est né le 18 août 1885 sur la propriété de Bassin, dans les Plaines Wilhems. Il s’engage à 16 ans dans la marine et navigue pendant 11 ans autour des côtes de l’Australie. En 1912, il s’embarque pour l’Angleterre. Pendant la Première guerre mondiale il travaille dans la marine marchande britannique. Puis en 1922, il se marie à la fille d’un mineur membre du Parti travailliste britannique, rencontre des syndicalistes et fréquente des meetings prenant parfois la parole.
Quelques années après la Grande dépression de 1929, Anquetil rentre à Maurice où il se lie au Dr Maurice Curé. Né le 3 Septembre 1886 à Port Louis, Curé siège alors au Conseil du gouvernement et se présente aux élections de 1936 ou il est battu le nombre d’électeurs étant alors restreint. Il fallait avoir un niveau de salaire ou des biens acceptables pour voter. Les pauvres étaient exclus du droit de vote. C’est après cette élection de 1936 que le Parti travailliste est créé. Curé et Anquetil sont aidés par d’autres militants dont le Pandit Sahadeo.
Aussi connu sous le nom de Dajee Rama, Pandit Sahadeo est né en 1899. Membre de l’Arya Samaj, il est un membre éminent de la communauté Marathi. Il a beaucoup œuvré pour lancer et soutenir des associations et organisations hindoues à travers le pays. Membre du comité exécutif du Parti travailliste il est aussi l’assistant personnel de Curé, alors président du Parti travailliste.
L’oligarchie sucrière et les riches de la haute classe moyenne considéraient Maurice Curé, Emmanuel Anquetil et Pandit Sahadeo comme des agitateurs qui montaient la tête des petits travailleurs, surtout ceux de l’industrie sucrière et les dockers. Les trois hommes militaient également pour une révision de la constitution et l’introduction du droit de vote universel.
En 1938, l’administration coloniale sévit. Elle déporte Anquetil à Rodrigues pour avoir organisé une grève des dockers. Sahadeo est arrêté et Curé est assigné à résidence. Mais leur lutte va finir par porter ses fruits. D’abord en 1948 avec la nouvelle constitution puis, par la suite, avec la marche vers l’indépendance.
Atteint de pneumonie, Anquetil meurt en 1946 quelques années à peine avant que la constitution de 1948 ne rentre en vigueur. Contre toute attente Curé, lui, s’était retiré de la direction du Parti Travailliste en 1941. Il est mort bien des années plus tard, en mars 1977, à Curepipe, où il a longtemps vécu. Sahadeo a suivi son vieil ami dans la tombe un an et demi plus tard en octobre 1978.