Histoire(s) Mauricienne(s), en collaboration avec l’Atelier Littéraire, évoque l’histoire de Curepipe à travers Curepipe, les premières images d’une ville, de Jean-Baptiste Urbini et Jean-François Sookahet un ouvrage disponible à la librairie.
Deuxième ville de Maurice, Curepipe est située au coeur des Plaines Wilhems, à mi-chemin entre la capitale, Port-Louis et Mahébourg, chef lieu du district de Grand-Port. Avec son climat frais et humide, elle abrite aujourd’hui quelques-uns des plus beaux quartiers résidentiels de l’île. Mais la région, couverte de forêts humides, fut longtemps inhospitalière et mit du temps avant d’être habitée.
Les premiers habitants des Plaines Wilhems s’établirent dans la partie basse du district qui doit son nom à Wilhelm Leichnig, un Allemand qui vécut dans l’île entre le départ des Hollandais et l’arrivée des Français.
Au milieu du 18e siècle, la région comptait deux concessions: celles de Mesnil et du Quartier de Cambrésis. La partie basse fut peu à peu défrichée pour accueillir des champs de canne à sucre. Si la région de Mesnil était habitée, il n’en était pas de même pour la zone forestière située plus au sud. Au début du 19e siècle, la nouvelle administration britannique décida de construire une route reliant Port-Louis à Mahébourg. Les plans indiquaient que cette zone inhabitée était traversée par un petit chemin forestier, peu praticable à cause des pluies intermittentes qui arrosaient le plateau.
Mais pour les voyageurs, cela restait le chemin le plus court entre le nord et le sud. Ils avaient pris l’habitude de faire halte là où un ruisseau traverse la route, pour se désaltérer et se reposer, après de longues heures de marche. Les hommes en profitaient pour casser la croûte et curer leur pipe. C’est ainsi que le nom de Curepipe fut retenu pour ce lieu qui restait toutefois très isolé et peu hospitalier.
Quoiqu’il en soit les noms de lieux ont souvent des origines mystérieuses Dans le cas de Curepipe on raconte aussi que c’est dans l’auberge tenue par une certaine Mme Cockrane que les voyageurs avaient l’habitude de s’arrêter pour se restaurer et pour fumer une bonne pipe… En France, un petit village non loi d’Arcachon porte lui aussi le même nom… Les Mauriciens de l’époque s’en seraient-ils inspirés ?
C’est la construction de la route reliant Port-Louis à Mahébourg qui allait changer le destin de Curepipe. Lorsqu’elle fut achevée en 1825, le lieu devint le passage obligé des diligences. Quelques habitations furent installées sur les hauteurs et un hôtel de relais y vit le jour. Il s’était installé dans l’ancien poste militaire qui avait abrité les troupes chargées de la construction de la route. Par la suite, plusieurs autres hôtels du même genre furent aménagés mais Curepipe resta un simple relai de diligence jusqu’à l’ouverture d’une gare ferroviaire en 1865.
A partir de cette année là, la population augmenta sensiblement et Curepipe commença à se transformer en village. Les habitants se répartissaient autour de la gare et dans quelques maisons éparpillées aux alentours. Lorsqu’une épidémie de malaria décima une partie de la population de l’île en 1867, de nombreuses familles port-louisiennes choisirent de se réfugier sur les plateaux, plus frais et salubre.
De plus, le développement du réseau ferroviaire, à partir de 1865, favorisa le peuplement de la ville qui devint, encore une fois, un arrêt important entre Port-Louis et Mahébourg. L’exode des habitants de Port-Louis vers les plateaux fut tellement important que l’on décida également de transférer le fameux Collège Royal de la capitale vers la petite bourgade …
Sources : Curepipe, les premières images d’une ville – de Jean-Baptiste Urbini et Jean-François Sookahet