Farquhar et les premiers gouverneurs de sa Majesté

Histoire(s) Mauricienne(s), en collaboration avec la Mauritius Ports Authority (MPA), met en lumière les personnages, petits et grands, qui ont façonné le port de Port-Louis au fil des siècles.

Lorsque les Anglais prirent l’Isle de France en décembre 1810 la flotte française au mouillage à Port-Louis était composée de 17 unités et 28 bâtiments de commerce, dont 4 unités américaines. Le gouverneur anglais désigné, Robert Farquhar, fit son entrée au Port Louis le 4 décembre pour prendre la place du général Decaen, le gouverneur déchu.

Le 6 décembre, la flotte anglaise entra au port. Port-Louis fut transformé en une véritable forêt de mâts, constituée de vaisseaux de toutes sortes et de toutes tailles, du vaisseau de guerre au canoë… Le pavillon britannique flottait triomphalement sur toutes les batteries du port.

Le 7 décembre, les premiers embarquements eurent lieu dans le port, les Anglais voulant faire partir les troupes françaises au plus vite. Celles-ci furent rapatriées sur les transports anglais au son des tambours en une bruyante procession, selon les témoignages de l’époque. Mais les navires utilisés pour le retour des troupes vers la France n’y étaient pas préparés, rendant la navigation hasardeuse et le ravitaillement inadéquat…

Mais les affaires, elles, allaient bon train. Les boutiques étaient toutes ouvertes et les rues de Port-Louis remplies d’une foule bigarrée. Les tavernes étaient bondées de curieux venus en ville ou de militaires anglais en uniforme. Les places publiques étaient noires de monde, tous les magasins étalaient leurs marchandises, toutes les auberges et tous les cabarets étaient ouverts.

La prise de l’île fut suivie d’une suractivité commerciale inattendue. Des vaisseaux appareillèrent pour Londres, chargés de café, de sucre, de poivre et d’autres marchandises qui s’étaient accumulées dans les magasins en raison du blocus anglais. De nombreux citoyens de l’ex-Isle de France firent rapidement des fortunes considérables et la plupart d’entre eux en profitèrent pour rentrer en France.

Cette période de prospérité fut brutalement stoppée par un incendie destructeur qui ravagea la partie la plus riche de Port-Louis en septembre 1816. La partie incendiée était comprise entre les rues de l’Eglise, Desforges et le port. Tout ce qui se trouvait entre les rues des Pamplemousses et de la Rampe fut entièrement détruit ou aux trois-quarts, y compris le marché. Ce fut l’un des incendies les plus destructeurs que connut la ville.

Cette catastrophe incita le gouverneur Farquhar à redoubler d’efforts pour doter Port-Louis de meilleures infrastructures. Ainsi, il fit aménager un nouveau quai en décembre 1816 puis accorda des concessions au Trou Fanfaron où un chantier maritime fut construit. A partir de cette date, d’autres concessions furent systématiquement accordées à des chantiers maritimes.

Malheureusement Port-Louis dut subir un autre sinistre car le 28 février 1818 un cyclone endommagea la plupart des 60 navires qui se trouvaient dans la rade, ainsi que les maisons et les commerces.

Lorsque Robert Farquhar quitta son poste de gouverneur en 1823, il fut remplacé par Galbraith Lowry Cole qui resta en poste jusqu’en 1828. C’est durant le mandat de ce dernier que Port-Louis allait voir son destin de port de commerce se transformer en celui d’un port d’exportation. En effet, en 1826, la surcharge de 10 shillings sur le sucre mauricien à l’exportation fut enlevée. Cette mesure allait transformer Maurice en une île à sucre et le port mauricien allait ainsi devenir le point de départ de l’exportation de sucre vers l’Inde et l’Europe. Le commerce du sucre allait aussi permettre aux premières grandes compagnies exportatrices de voir le jour. Parmi elles, Scott & Co. ou encore Blyth Brothers & Co…

Par la suite, sous l’administration  de Sir Charles Colville (1828-1833) puis sous celle de Sir William Nicolay (1833-1840), l’esclavage allait inexorablement disparaître, provoquant un nouveau changement dans le destin de Port-Louis qui allait, au fil des décennies, accueillir un nombre de plus en plus important d’immigrants venus de l’Inde.

Photo extraite de Port-Louis, histoire d’une capitale, de Jean Marie Chelin

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