Installé à Melbourne (Australie) depuis la fin des années 80, Jean-Bernard Fleuriau Chateau nous a fait part d’un de ses plus beaux souvenirs. Un concert au théâtre du Plaza, dans les années 60…
Poète, chanteur, acteur, considéré comme le « plus grands des Belges », Jacques Brel était un chanteur adulé en son temps et un artiste unique en son genre. Dans ses concerts, dans ses films, comme dans la vie, il se donnait toujours à fond. Et il aimait les voyages. C’est probablement cet amour du grand large qui l’a poussé sur les rivages de l’Océan Indien pour une brève escale, au milieu des années 60…
En 1966, Jacques Brel est au sommet de son art et de sa popularité. L’auteur de Ne me quitte pas et de Amsterdam est une bête de scène qui enchaîne deux cents concerts par an en France, en Russie, aux Etats-Unis… Au cours de l’été 1966 il entame une nouvelle tournée. Sa dernière. Contre toute attente, il annonce au public son intention de quitter définitivement le music-hall, après 8 années passées sur les devants de la scène. Il entame ainsi une tournée d’adieu qui démarre sur les planches de l’Olympia à Paris et qui se poursuivra jusqu’au début de 1967 à travers la France, l’Europe et le monde, en passant même par… l’île Maurice.
En octobre 1966, il débarque dans l’île, auréolé de son statut de star. C’est l’une des premières grandes vedettes du music-hall à s’y produire et sa venue créé l’événement. Les privilégiés qui ont assisté à son concert s’en souviennent encore avec émotion. Parmi eux, Jean-Bernard Fleuriau-Chateau, jeune publicitaire à l’époque.
La tournée de Jacques Brel dans les îles des Mascareignes, regroupant Madacascar, La Réunion et l’Ile Maurice fit l’objet d’un documentaire promotionnel. Il est reçu par le directeur du Tourisme, Regis Fanchette, rencontre plein de monde, fait le tour de l’ile prenant aussi le temps de profiter de la mer et de se prélasser dans un des premiers établissements balnéaires de l’ile, le Touessrok tenu par la famille Daruty.
Le coordonnateur de la tournée de Brel a Maurice était un certain Lucien Pouzet ( Lulu pour les intimes) que J.Brel connaissait personnellement. Pianiste de profession Pouzet était responsable de l’orchestre Les Corsaires , regroupant quatre autres de ses frères et jouant au Vatel, une salle des fêtes célèbre de Curepipe. Les dimanches l’orchestre jouait aussi à l’hôtel Le Chaland.
Jean-Bernard s’occupait, lui, des avis publicitaires, pour la tournée. Il ne connaissait pas ce chanteur francophone, d’origine belge. « Moi j’étais plutôt fan d’Elvis à l’époque », avoue-t-il. Il n’avait donc jamais entendu Brel chanter, encore moins vu se produire sur une scène.
Le point d’orgue de la visite de Jacques Brel à Maurice est son concert au Plaza. Jean-Bernard se rappelle arrivant dans la salle, le rideau de scène ouvert sur les instruments des quatre musiciens avec, de gauche à droite la batterie, un accordéon, un violoncelle ou contrebasse et un piano. « En vrai fan de rock ‘n roll, je me suis dit : c’est quoi ce merdier !… ». Et à partir de cet instant tout ne fut que surprise et émerveillement. « Tout à coup un bonhomme fit irruption en galopant sur la scène, saluant trois fois et pointant son doigt vers l’orchestre leur faisant signe de commencer à jouer », raconte Jean Bernard. Les musiciens s’avérèrent être des grands. Au piano se trouvait Gérard Jouanest grand pianiste français et compagnon de Juliette Greco. Jacques Brel avait lancé son tour de chant. « Il avait une manière de vivre ses chansons en s’exprimant beaucoup avec les mains. Il parait qu’a chaque représentation il perdait 500 grammes ». Brel égrène tous ses succès : » Les Vieux » » les Bigotes ‘ Madeleine » Les Putains d’Amsterdam » et tant d’autres. La salle était en ébullition « C’est définitivement le meilleur artiste que j’ai vu sur scène. j’en ai vu pas mal d’autres a Maurice et en Australie mais pas comme Jacques Brel . » Depuis Jean-Bernard est devenu fan inconditionnel. Il se rappelle une autre anecdote j’avais conserve un programme avec sa signature mais par la suite, que faire avec. Je l’ai foutu à la poubelle. Je regrette aujourd’hui. Erreur de jeunesse…
Envoyer par: Jean-Bernard Fleuriau-Chateau