Jean-Pierre Henry, l’homme de la mer

Au début des années 50, de nombreuses familles mauriciennes possédaient des résidences secondaires un peu partout sur le littoral. Quelques-unes d’entre elles avaient choisi le sud-ouest, la côte sous le vent au climat très doux durant l’hiver tropical. Elles venaient y passer leurs vacances en famille et s’adonnaient aux plaisirs de la vie au bord de la mer. Surtout, la pêche y était bonne …

C’était le cas pour Jean-Pierre Henry et sa famille. Enfant déjà, il accompagnait son père lors de palpitantes parties de pêche au large des côtes de Rivière Noire, dans une eau peuplée de marlins pouvant atteindre plusieurs centaines de kilos… 

Maurice Henry, le père de Jean-Pierre, était lui-même un grand pêcheur, l’un des pionniers de la pêche au gros à Maurice, avec Allen Gambier, deux passionnés. C’était les années 50, les bateaux pouvaient être assez rudimentaires et les conditions de pêche de fortune, comme les sièges… On pêchait du thon, de la dorade et surtout le marlin, poisson majestueux et impétueux.

Dans les années 60, Jean-Pierre Henry va se lancer dans le surf devenant un des pionniers de la discipline Puis, en 1965, il quitte Maurice, destination l’Afrique du sud. Il va passer plusieurs années à Durban où il va continuer à se mesurer aux vagues, à faire du ski nautique en participant régulièrement à la One Hour Endurance Ski Race.

Lorsqu’il revient à Maurice en 1975, Jean-Pierre Henry s’installe à Rivière-Noire, le village côtier où il a passé une bonne partie de sa vie. Il prend de l’emploi sur la propriété sucrière de Bel-Ombre mais se lance, en même temps, dans le charter. « Je me levais à 6h et parfois je rentrais chez moi à 22h », se rappelle-t-il. Il participe à plusieurs compétitions de pèche, dont la fameuse Marlin World Cup, dont il était le coordinateur avec La Pirogue Hotel. Ses premiers skippers d’alors étaient Serge Claudine, Vijay Beersaye et Francis Laboudeuse.

 « Le big game attirait surtout les millionnaires à cette époque », indique Jean-Pierre. Il se rappelle de quelques-uns de ses premiers clients. L’un réservait à l’avance pour 2 mois. L’autre effectuait 100 sorties à chacun de ses voyages à Maurice…

Au départ de l’aventure, Jean-Pierre Henry bénéficie du soutien de l’homme d’affaires Claude Lagesse. Il lance le premier bateau Bonanza en 1975 puis un deuxième en 1977. Ces bateaux de 40 pieds étaient entièrement en teck et dessinés par un spécialiste, Jacques d’Unienville.

A cette époque les millionnaires qui venaient  pêcher du gros à Maurice étaient soit « de vrais fous » de pêche ou alors « ils venaient faire leur théâtre », apportaient de nouveaux équipements dont ils n’étaient pas peu fiers… Venir a Maurice pour pêcher du gros, dans les années 70 et 80, c’était comme aller passer ses vacances à Monaco. Le must !

Les compétitions se succèdent, faisant la réputation de la discipline. Des records du monde sont établis… Maurice devient vraiment le centre d’attraction des pêcheurs de gros. La saison de pêche au gros s’étend de novembre à avril, en pleine saison touristique. Pour pêcher le marlin, la période la plus propice est de décembre à mars. Lors des marées de nouvelle lune et de pleine lune la pêche est encore meilleure… La contribution de la pêche au gros à l’industrie touristique et à la réputation de la destination a donc été déterminante.

Fort de ce succès, Jean-Pierre Henry décide d’élargir ses activités. Il ouvre des boat houses, met des catamarans à flot, fait des sorties pour observer les dauphins, lance des bateaux 100 % électriques ou encore investit dans des vélos électriques. C’est le sommet d’une ascension entrepreneuriale exemplaire qui dure depuis maintenant 45 ans.

Dominic Henry, le fils ainé de Jean-Pierre, organise le Mauritius Ocean Classic, compétition de Surf Ski International, qui a aujourd’hui une renommée mondiale et qui connaît un énorme succès. Une compétition de pêche, le Mauritius Billfish Release organisée par un autre fils de Jean-Pierre, Pascal, en est à sa sixième année d’existence. « C’est la seule compétition à Maurice durant laquelle on relâche marlins et requins », insiste Jean-Pierre Henry

Mais ce dont le patron de JPH Charters est le plus fier c’est cette histoire humaine qui existe depuis les débuts et qui est encore vivante. 70% des employés sont là depuis de nombreuses années, dont les plus vieux depuis 43 ans. Comme quoi pêcher, ça conserve…

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