Au moment où éclate la Première Guerre Mondiale, La Réunion, alors colonie française, a beau être très loin de la zone des affrontements, sa population se sent extrêmement concernée par le conflit et ses répercussions éventuelles sur le sud-ouest de l’Océan Indien. Isolée et mal défendue, l’île se sent vulnérable. Aussi lorsque les Réunionnais apprennent qu’un cuirassé allemand croise dans les parages de Madagascar, un vent de panique souffle sur la petite colonie.
A cette époque, les plantations de cannes à sucre sont très actives et l’île est relativement prospère. Comme c’est le cas pour Maurice, les banques réunionnaises soutiennent l’industrie sucrière et celle-ci le leur rend bien. L’une de ces banques, la Banque de La Réunion, est particulièrement florissante. Ses coffres contiennent 3 000 000 de francs. Le conseil d’administration de la BR craint que les Allemands puissent débarquer dans l’île. Voulant parer à toute éventualité, il veut mettre cet argent à l’abri. Il pense alors confier l’argent à Maurice, mieux protégée et plus à même de résister à l’assaut d’un cuirassé allemand.
La BR cherche l’approbation du préfet de La Réunion pour effectuer. Mais celui-ci refuse arguant que cet exode massif de capitaux provoquerait une plus grande panique encore dans la population déjà pas très rassurée. Les 3 000 000 de francs de la BR sont donc restés à leur place… Et les Allemands n’ont jamais débarqué à La Réunion.