Le Dr Jean-Yves Blot, en collaboration avec Histoire(s) Productions, revient sur les lieux du naufrage du Saint-Géran, 275 ans plus tard. 200 morts, dont 30 esclaves prisonniers dans les cales… Une catastrophe pour l’économie de l’île… Aujourd’hui, une évidence s’impose : le site mérite d’être classé au patrimoine mondial.
Trente-neuf ans après la mission Saint-Géran au large de Grand-Gaube, République de Maurice en 1979, Jean-Yves Blot, docteur en archéologie navale, a rassemblé les résultats de ses travaux. Il explore quelques-uns des aspects méthodologiques associés à la réalisation d’un relevé exhaustif de ce territoire sous-marin autour du récif de corail de la passe des Citronniers.
Lors de son séjour à Maurice (8 novembre-6 décembre 2018) Jean-Yves Blot, en collaboration avec Histoire(s) Productions, se propose de monter une opération sur le site de la passe des Citronniers afin de dresser un premier état des lieux et fournir les jalons techniques scientifiques et administratifs à la belle et longue bataille en vue du statut durable de ces lieux d’histoire et de mémoire et-surtout- d’identité. D’emblée deux partenaires se sont joints spontanément au projet : la Mauritius Ports Authority et le groupe Veranda. La Société de l’Histoire de l’Ile Maurice (SHIM) est elle aussi partie prenante, par le biais de son dynamique président, Yann Von Arnim.
Concentré sur quelques hectares de fond de corail et de sable, le périmètre sous-marin associé au naufrage du vaisseau Saint-Géran, intervenu de nuit en août 1744 sur le récif de corail de la côte nord-est de Maurice, apparaît comme un tissu identitaire dont la nature intrinsèque reste à approfondir sur la toile de fond de la société mauricienne d’aujourd’hui.
Le naufrage fit 200 victimes. Parmi les passagers, des habitants de Maurice. La perte du Saint-Géran fut une catastrophe pour l’économie de l’île… Seules neuf personnes en réchappèrent. La question des « prisonniers » du Saint-Géran, les 30 esclaves de Gorée, fantômes du bord, répond à l’orientation thématique « évidente » sur le plan archéologique.
Le paysage sous-marin associé au naufrage de 1744 s’articule de façon intrinsèque avec le paysage « à l’air libre » qui, au travers du lagon (dépression post-récifale), s’étend jusqu’aux abords de l’île d’Ambre, coulisses terminales du drame de mer qui attend son anthropologie et la définition de son ancrage au sein d’un patrimoine résolument universel.
L’orientation patrimoniale marquée du site de la passe des Citronniers mérite donc de monter un dossier de demande de classement du site au patrimoine universel.
Crédit photo : Maria Luisa Pinheiro Blot