Histoire(s) Mauricienne(s) en collaboration avec le Mauritius Turf Club, raconte quelques-uns des grands moments des courses hippiques au Champ de Mars, au 19e siècle.
La première journée de courses de chevaux à Maurice eut lieu au Champ de Mars le 25 juin 1812. Elle fut organisée par le Mauritius Turf Club (MTC), fondé la même année, calqué sur le modèle du Jockey Club anglais et composé de membres de l’administration britannique.
La première course officielle se déroula un jeudi, sur la vaste étendue du Champ de Mars. La piste mesurait 1 450 yards. Il y avait trois courses au programme. La première épreuve, ouverte à tous les chevaux, se courut sur trois tours. Ce fut la jument Fanny, appartenant à M. Irvine et montée par M. Reader, deux Britanniques, qui remporta la course. Cette première journée attira la grande foule et eut un succès retentissant à travers l’île. Dans la foulée, une deuxième journée fut organisée le samedi suivant, le 27 juin.
Au début, les journées de courses étaient organisées durant les mois d’hiver généralement de juin à septembre. A partir d’août 1815, quatre courses sont au programme des journées. Il faudra attendre 1838 pour qu’il y en ait six. Cette année-là, l’une des courses met aux prises onze chevaux, nombre record pour l’époque.
Au 19e siècle, un cheval se détachait du lot des coursiers qui ont évolué au Champ de Mars. Il s’agit de Faughaballah. Ce coursier aux origines obscures appartenait à Lord Chichester. Il enflammait le peuple à chacune de ses sorties. Il enchaîna 15 victoires en 21 sorties. Mais ce formidable compétiteur connut cependant une fin tragique puisqu’il fut abattu au pistolet au départ de son propriétaire.
Le jockey le plus célèbre du 19e siècle fut sans conteste le Sud-africain Adrian Scott. Il eut une longue carrière sur le turf mauricien, de 1854 à 1892. Plusieurs fois champion des jockeys, il remporta aussi douze fois la Maiden cup. Malheureusement, il connut une fin tragique puisqu’il mourut en quarantaine à Pointe aux Canonniers, à son retour de La Réunion…
Durant les premières décennies des courses à Maurice, les chevaux appartenait la plupart du temps à des individus, notamment les gouverneurs, les aristocrates britanniques installés dans l’île ou encore les notables. Mais les exigences de la compétition et le coût d’entretien d’un cheval forcèrent les propriétaires à se regrouper. C’est ainsi que naquirent les premières écuries. L’une des écuries les plus illustres au 19e siècle est l’écurie Edouard Couve qui remporta huit fois la Maiden Cup, entre 1856 et 1866. Les autres écuries qui se distinguèrent furent les écuries Hippolyte Hardy, Domique Galéa ou encore Alphonse Barbé.
La première grande course fut le Draper’s Mile, en l’honneur du colonel Alured Draper, l’un des fondateurs du MTC. Mais le premier classique fut la Maiden Cup qui, comme son nom l’indique, était réservée, au 19e siècle, aux chevaux qui faisaient leur premier galop sur le turf. La première course eut lieu en 1834 et s’appelait la Maiden Plate. Elle fut remportée par Creeper 1er. La course se disputait alors sur deux tours de piste.
Au 19e siècle, ceux qui venaient assister aux courses s’installaient tout autour de la piste. Il n’y avait pas de loges. Les gouverneurs qui ne manquaient pas une journée de courses, s’installaient sur un échafaudage recouvert de feuilles de palmiers, pour mieux contempler les chevaux. Par la suite des structures furent montées, en bois, certaines richement décorées, louées au plus offrant et dont la location pouvait coûter cher ! Elles étaient installées quelques jours avant la saison et étaient enlevées pour laisser la place aux autres activités. Pendant une bonne partie du 19e siècle, le Champ de Mars servait souvent aux manœuvres militaires mais était aussi le lieu de promenade privilégié des Portlouisiens.
Sources : Mauritius Turf Club – Photo : Mauritius Turf Club