Histoire(s) Mauricienne(s) en collaboration avec le Mauritius Turf Club, raconte quelques-uns des grands moments des courses hippiques au Champ de Mars au 20e siècle.
L’un des premiers événements marquant pour les amateurs de courses, au début du 20e siècle, fut l’érection de tribunes permanentes au Champ de Mars. Les spectateurs devenaient chaque année plus nombreux, la saison hippique se prolongeait, l’engouement pour les courses de chevaux atteignait des sommets.
En 1904, le nombre de courses par journées passa à sept. Puis, en 1908, il y eut pour la première fois neuf partants au départ d’une course. C’était en août de cette année-là, à l’occasion du Maiden, l’épreuve, la plus importante du calendrier hippique mauricien qui fut courue pour la première fois en 1843. Une autre épreuve, devenue un classique, avait vu le jour au début du 20e siècle. Il s’agit de la Barbé Cup, créée en 1902 en l’honneur d’Alphonse Barbé, secrétaire du MTC de 1867 à 1893.
Avec toute cette effervescence autour des courses, le Mauritius Turf Club (MTC) vit, du coup, le nombre de ses membres augmenter, beaucoup d’entre eux étant eux-mêmes propriétaires de montures. Le besoin d’un meilleur confort pour admirer les chevaux livrer bataille et surtout, pour assister aux arrivées dans des conditions optimales, incita donc le MTC à ériger des loges en face de la ligne d’arrivée, au nord du champ de courses. Ces premières tribunes furent inaugurées en 1909. Elles accueillirent quelques années plus tard, en 1912, les célébrations du centenaire du MTC.
Au début du siècle, plusieurs coursiers se distinguent. Tahara Maid, jument réunionnaise qui gagne la Maiden Cup en 1905 et 1906 ou encore Damoiselle qui gagne la Maiden Cup en 1917 et dont le record sur la distance va tenir 50 ans…
Détail notable, c’est en 1909 que Rajcoomar Gujadhur, fondateur de la plus vieille écurie du turf, fit son apparition sur le programme des courses. Il était le propriétaire du coursier Vigil qui, en août de la même année, gagna sa première course.
Dans les années 20, c’est l’écurie Merven qui se distinguait des autres. En 1923, elle remporta toutes les courses prévues au programme d’une journée, un exploit jamais réédité depuis. Durant cette décennie, deux épreuves vinrent compléter le calendrier des classiques après le Maiden et la Barbé Cup. Il s’agit de Duchess of York Cup et de la Duke of York Cup, lancées en 1927 à l’occasion de la présence à la journée de courses spéciale du jeudi 1er juin, de leurs altesses royales, les futurs roi Georges VI et reine Elizabeth.
Plus tard, entre 1945 et 1960 l’écurie Clarenc établit un nombre impressionnant de records, dont le titre de champion fut raflé trois années de suite, tout comme l’écurie Ruhee entre 1966 et 1968. Dans les années 70, ce fut l’écurie Ythier qui rafla la mise mais cette fois-ci durant quatre ans d’affilée.
Mais ce sont les deux écuries Henry, celles de Philippe et de Serge, qui détiennent le nombre le plus impressionnant de victoires, soit 13 championnats à Philippe et 8 à Serge, celui-ci remportant 50 victoires en une seule saison.
Les noms des chevaux qui coururent au 20e siècle résonnent encore sur la piste du Champ de Mars, Celui de Winking qui gagna les 4 classiques en une seule saison en 1934… Ou encore Tommy Boy qui a enregistré un nombre record de 54 victoires sur le turf dans les années 30 et 40. Viendront ensuite les Prodigal, Mystic Snow, Sharp Pip, Strident, Azul, Laldheer, Noble Salute ou encore Le Turbo, un coursier sans trophée majeur mais grand favori dans le cœur du public…
Tous ces chevaux sont montés par des jockeys hors pair, depuis Wallis Mc Cloud qui remporta 6 victoires dans les six courses au programme, le 9 juillet 1923, jusqu’à Charlie Smirke, classé parmi les dix meilleurs jockeys de tous les temps en Angleterre, en passant par Charlie Malavich trois fois cravache d’or entre 1950 et 1955.
Mais à la fin du siècle, deux jockeys raflent la mise. D’abord Glen Hatt qui gagne le championnat trois années de suite entre 1997 et 1999 mais surtout Jeffrey Lloyd auteur de 57 victoires en une saison et vainqueur de cinq championnats dont le premier en 1990, puis quatre à la suite de 2002 à 2005. Sans oublier les petits mauriciens François et Maxime de Coriolis qui se hissent au plus haut niveau, ou encore l’apprenti Vijay Anand Bundhoo…
Tous ces champions ont établi différents records, au fil du 20e siècle et jusqu’aux premières années du 21e siècle. Chevaux de légendes, jockeys sensationnels, leurs performances restent à tous jamais gravés dans les tablettes… et dans la mémoire des turfistes.
Sources : MTC – Photo : Vèle Kadressen/MTC