Histoire(s) Mauricienne(s) propose une série de portraits de grands Mauriciens disparus, qui ont eu un rôle de premier plan dans l’histoire de leur pays en général. Des hommes jetèrent, au 19e siècle, les bases d’une industrie sucrière, longtemps la principale source de revenus de Maurice.
Adrien d’Epinay est un avocat, planteur et homme politique né à Moka en 1794 à l’Isle de France. Personnage controversé, il fut le principal négociateur des planteurs pour obtenir des compensations au moment de l’abolition de l’esclavage. Il fut cependant un artisan majeur du développement de l’industrie sucrière, au début du 19e siècle. S’il fut un ardent défenseur des privilèges des planteurs au moment de l’abolition de l’esclavage, il fut aussi leur brillant porte-parole auprès de l’administration britannique. Il prit notamment position par rapport aux droits d’entrée frappant le sucre mauricien sur le marché britannique. Adrien d’Epinay fit installer le premier moulin à vapeur de l’industrie sucrière sur sa propriété d’Argy en 1824. Il mourut à Paris en 1839.
Médecin, agriculteur, politicien, Edmond Icery est celui qui inventa le procédé Icery permettant de décolorer le sucre en utilisant du sulfite de soude. Sa méthode se répandit dans toute l’industrie sucrière. Icery était devenu en 1858 co-propriétaire de La Gaieté et l’Emilia, à Flacq et s’était mis à étudier les propriétés du jus de la canne. A l’Exposition Intercoloniale de 1859, le sucre qu’il avait fabriqué obtint un prix. Il développa son procédé de décoloration du sucre en 1863. Plus tard, il fit aussi un rapport crucial sur la menace du pou à poche blanche pour la canne et s’intéressa à l’importation de nouvelles variétés de cannes.
Sir Celicourt Antelme naquit à Port-Louis en 1818. Avocat, membre du conseil de gouvernement de la colonie, il possédait l’établissement sucrier de Stanley et fut président de la Chambre d’Agriculture. Il est l’auteur d’un mémoire sur la culture de la canne à sucre à Maurice qui parut en 1865. En 1874, alors que l’industrie sucrière était en difficulté et avait besoin d’aide il se rendit à Londres pour négocier la création de compagnies de crédit, ce qui permit de sauver l’industrie et de renflouer les finances de la colonie.
Sir Henry Leclezio est né en 1840 aux Plaines Wilhems. Homme d’affaires, directeur de banques, de docks, il joua un rôle prépondérant dans la vie politique et économique de la colonie et fut le chef incontesté des habitants d’origine française. Propriétaire de plantations, il fit introduire le contrôle chimique dans l’usine d’Alma en 1887 ce qui permit une avancée dans la production du sucre. Membre influent de la Chambre d’Agriculture, il milita pour la modernisation des usines, à la fin du 19e siècle. Avec Sir Virgil Naz lui aussi grand propriétaire terrien, avocat et homme politique qui défendit les intérêts des planteurs devant la Commission royale de 1874, il se mobilisa pour l’assainissement de Port-Louis durant les grandes épidémies dans les années 1890.
Rajcoomar Gujadhur est un grand propriétaire d’établissements sucriers qui fut aussi politicien et propriétaire d’écurie. Né en 1871 aux Plaines Wilhems, Rajcoomar Gujadhur débuta d’abord comme vendeur de lait. Au début du 20e siècle il fit l’acquisition de plusieurs propriétés, notamment celle de Mon Loisir Rouillard, Union Flacq, Schonefeld, Mon Rêve et d’autres. Lors du boom sucrier qui suivit la 1er Guerre mondiale, sa richesse s’accrut considérablement. Il fit son entrée en politique et intégra l’Union Mauricienne. Son influence ne cessa de s’accroître et il devint l’archétype du grand planteur mauricien d’origine asiatique.
Enfin, Sir Guy Sauzier (1910-1998) fut l’un des Mauriciens les plus actifs sur le plan international pour la sauvegarde des intérêts de l’industrie sucrière. Secrétaire de la Chambre d’Agriculture à partir de 1946, il fut aussi membre du Conseil législatif, du Conseil exécutif puis ministre des Travaux. En 1959, il fut choisi pour représenter l’industrie sucrière à Londres et le fit de brillante façon. Il défendit sans relâche les intérêts de Maurice notamment au début des années 70, lorsqu’il fallut obtenir des prix préférentiels et une quantité garantie pour le sucre mauricien.