Plus grand bourg de la côte sud-est, Mahébourg est situé au coeur de la région de Grand Port, la plus typique de Maurice, entre un lagon immense et une petite chaîne de montagnes.
Jadis appelé Port Sud Est, elle fut nommée Bourg Mahé ou Mahébourg par le gouverneur Decaen en 1806. A cette époque, la région de Grand Port était dans un état de délabrement. Les bâtiments administratifs avaient été particulièrement touchés par un cyclone en 1805.Le gouverneur décida donc de délocaliser les activités vers un point situé à l’embouchure de la rivière La Chaux et d’y développer une nouvelle agglomération. Celle-ci devait offrir des facilités de débarquement aux bateaux qui remomtaient la rivière “sur près d’un tiers de lieue”. Decaen choisit de lui donner le nom du gouverneur bâtisseur Mahé de La Bourdonnais.
Mahébourg prit rapidement des allures de ville avec ses rues à angle droit. Au centre, Decaen fit construire une caserne et un hôpital. Il fit également renforcer les fortifications de l’île de la Passe afin de protéger la magnifique baie qui fut le théâtre en 1810 de la célèbre bataille navale du Grand Port, seule victoire navale des Français durant les guerres napoléoniennes.
Sous l’administration britannique, Mahébourg connut une importante activité maritime avec l’afflux des côtiers, ces petits caboteurs transportant les marchandises produites dans la région vers Port-Louis. Entre 1810 et 1860, Mahébourg accueillit un nouvel hôpital, un marché, deux églises, de nombreux magasins et même un hippodrome.
L’administration britannique songea même un moment à y aménager un deuxième hôtel du gouvernement.
Mahébourg fut sur le point de devenir une municipalité, rivalisant ainsi avec Port-Louis. La production de sucre dans la région devenait de plus en plus importante. Des projets de port furent même évoqués, Mahébourg ayant les atouts naturels pour abriter les gros navires.
Mais l’avènement du chemin de fer en 1865 réduisit à néant tous les espoirs de développement de Mahébourg. Le trafic des côtiers entre le sud-est et Port-Louis s’en trouva fortement diminué tandis qu’une épidémie de malaria força les habitants à émigrer vers les plateaux. Il y eut bien la construction du pont sur la rivière La Chaux a partir de 1908, plus long pont de l’île avec ses 507 pieds, mais rien n’y fit… La rivalité avec Port-Louis ne se matérialisa jamais et en 1936, l’historien Auguste Toussaint disait de Mahébourg que “ce n’était qu’un misérable village de pêcheurs, auquel seuls ses ruines et ses souvenirs confèrent quelque prestige”.
Aujourd’hui, la ville est le principal centre commercial de sa région. Elle attire de plus en plus de visiteurs, avec son front de mer ses petites auberges et ses tables d’hôtes. Ses rues tracées en ligne droite, son musée consacré à l’histoire maritime et ses vestiges d’une autre époque témoignent de son glorieux passé.
Sources: Dictionnaire toponymique de l’Ile Maurice, Société de l’Histoire de l’Ile Maurice