Malcolm de Chazal, écrivain et penseur hors normes

Maurice a 51 ans. Histoire(s) Mauricienne(s) aura bientôt 5 ans. Nous vous proposons une série de portraits de grands Mauriciens disparus, qui ont eu un rôle de premier plan dans l’histoire de leur pays. Elle culminera par la publication d’un numéro spécial en fin d’année. Vos likes détermineront votre personnalité préférée ! Il est l’un des plus grands écrivains et penseurs mauriciens.

Malcolm de Chazal, né à Vacoas le 12 septembre 1902, est mort à Curepipe un 1er octobre 1981 dans une sorte d’anonymat délibérément entretenu par un milieu social dans lequel il évoluait voluptueusement à contre-courant.

À l’âge de seize ans (en 1918), il accompagne son frère à Bâton-Rouge en Louisiane et il y étudie les techniques de l’industrie sucrière. Avant de décrire le monde il faut en connaître les pourtours. Pour aller en Amérique il accomplit un long périple en Asie, dans le Pacifique. Leur voyage pourrait ressembler à un roman de Jules Verne ou à une aventure de Joseph Conrad, les péripéties en moins.

Ils traversent d’abord tout l’océan Indien, longent la péninsule du Dekkan, vers Madras et le Tamil Nadu. Puis ils empruntent le détroit de Malacca contournant le golfe de Thaïlande pour passer par Kuala Lumpur puis Singapour et gagner Saïgon dans le delta du Mékong, avant de s’enfoncer en Mer de Chine. Ensuite ce sera le Japon et l’océan Pacifique, dont l’immensité accompagne les voyageurs jusqu’aux îles Hawaï. Ils touchent le continent américain à Vancouver, grand port de l’ouest canadien, au début du mois de septembre et de l’automne canadien. Ils effectuent la dernière partie de leur périple en train, d’ouest en est, à travers les Rocheuses puis l’immensité des prairies pour rallier New York avant d’atteindre, finalement, Bâton Rouge en Louisiane, sur les rives du Mississippi au début du mois d’octobre 1919.

A l’issue de ses études Malcolm de Chazal décroche un diplôme en agronomie et en technologie sucrière. Après avoir travaillé quelques mois à Cuba, il rentre à Maurice en 1925 en passant par l’Europe et le canal de Suez…. Il travaille quelques années dans l’industrie sucrière et la production d’aloès. Mais il a du mal à s’entendre avec l’oligarchie et devient fonctionnaire des télécommunications à partir de 1937.

Son passage dans l’industrie sucrière et textile le poussera à écrire trois ouvrages d’économie politique. Puis, ses interrogations personnelles le mèneront à écrire des ouvrages de Pensées, puis des textes de nature philosophique. Sens-plastique, publié en France chez Gallimard en 1948. Encensé dans un premier temps par les surréalistes à la recherche d’un second souffle, Malcolm de Chazal a cependant toujours refusé d’être caractérisé comme étant un surréaliste comme l’avait proposé André Breton. Il fit également impression sur d’autres écrivains tels que Georges Bataille, Jean Paulhan, Francis Ponge, et sur des peintres comme Georges Braque et Jean Dubuffet.

Il s’exprimera également par une peinture abondante au style naïf. Malcolm de Chazal est également l’auteur d’un grand nombre de gouaches qui se trouvent aujourd’hui dans des collections privées mauriciennes, sud-africaines ou françaises. Sur le plan littéraire, il est surtout connu pour

De Malcolm de Chazal, les Mauriciens disaient souvent de son vivant qu’il était fou ou original, sans le prendre au sérieux. Poète, peintre, philosophe et mystique, il a laissé une oeuvre abondante qui est largement méconnue. Largement provocateur, il s’est rebellé très tôt contre l’oligarchie sucrière dont il faisait partie, à la fois comme employé mais aussi parce qu’il était issu du même milieu que les barons sucriers. Sa vision poétique du monde était très empreinte de mysticisme. Publié en France, encensé dans un premier temps par André Breton et les surréalistes, puis finalement renié par eux, il a toujours refusé d’être catégorisé.

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