Au fil de sa longue et riche histoire, l’île Maurice a toujours été la proie de cyclones dévastateurs qui aplatirent les plantations, détruisirent les habitations et envoyèrent des navires par le fond. Du temps des Hollandais, puis des Français, c’était l’une des plus grandes craintes des habitants. Et elle l’est encore de nos jours …
Des cyclones impressionnants ont frappé Maurice à toutes les époques. Aux 17e et 18e siècles l’île étant moins peuplée, peu développée, les principaux dégâts concernaient les plantations mais surtout les navires. Les récits de capitaines de vaisseaux abondent, faisant état de ravages considérables causés par les vagues et le vent. Il y avait bien un observatoire météorologique installé dans l’île mais il n’apportait toutefois pas d’informations très précises sur les cyclones et il fallut attendre la deuxième moitié du 19e siècle pour bénéficier de données plus fiables sur ces phénomènes naturels et pour les répertorier.
C’est ainsi que le plus dévastateur des cyclones enregistrés à Maurice a frappé en avril 1892. Immortalisé dans la mémoire populaire comme le Cyclone de 92, c’est aussi celui qui a fait le plus grand nombre de morts. Environ 1 200 personnes perdirent la vie, tandis que le nombre de blessés s’éleva à près de 4 000 personnes. 50 000 Mauriciens furent sinistrés après la destruction de leur logement. Les vents soufflèrent avec une telle force qu’ils détruisirent l’anémomètre qui avait, avant cela, enregistré des rafales de plus de 240 km/h. Port-Louis, la plus touchée, fut ravagée en quelques heures.
College St Esprit après le passage de Carol en 1960 (© GIS)
Par la suite, avant que l’on eût l’idée de les nommer, d’autres cyclones frappèrent l’île avec une force ravageuse. Celui de mars 1931, qui passa à son point le plus rapproché à 5 km du sud de l’île, fit 11 décès et jeta à la rue 2 500 personnes. Si les rafales enregistrées ne dépassèrent pas les 180 km/h, les dégâts furent considérables à Port-Louis, où Tranquebar fut complètement rasé.
Au 20e siècle, c’est le cyclone Carol qui a fait le plus de dégâts. Il est passé sur Maurice le 28 février 1960. Il provoqua la mort de 42 personnes et fit 1 700 blessés. 100 000 maisons furent détruites ou endommagées. 60% de la récolte de cannes à sucre et 30% de la récolte des plantations de thé furent détruites. Près de 70 000 Mauriciens, sur une population de 600 000 habitants, se retrouvèrent dans des centres de refuge.
Maison ravagée par le cyclone Carol en 1960 (© GIS)
Pour l’administration britannique, ce fut une calamité. “It is not yet possible to give any estimate of the total value of the losses suffered, though it runs into many millions of pounds”, rapporta le Secrétariat d’Etat aux Colonies qui envoya une mission dans l’île pour évaluer les dégâts et proposer un plan de reconstruction.
Le pays eut beaucoup de mal à se remettre de la catastrophe. Carol fut précédé en janvier 1960 par Alix qui fit 8 morts et endommagea 20 000 bâtiments et habitations et fut suivi de deux autres cyclones moins dévastateurs, mais qui ont frappé au moment où Maurice était encore à genoux. Jenny, en 1962, avec des rafales de 235 km/h enregistrées à Port-Louis, fit 14 morts et détruisit 8 000 foyers. Et Danielle, en 1964, un cyclone de petit diamètre mais puissant, avec des vents de 219 km/h et qui provoqua trois décès.
Maurice connut ensuite un long répit et ce n’est qu’au milieu des années 70 qu’un autre gros cyclone frappa l’île à nouveau. En 1975, Gervaise fit 10 morts et détruisit de nombreuses maisons. Le cyclone causa un long arrêt de l’alimentation électrique et son passage désastreux nécessita l’intervention de l’US Navy qui aida Maurice à se reconstruire.
Dégâts causés par le cyclone Carol en 1960 (© GIS)
En 1979, l’œil du cyclone Claudette traversa l’île de part en part et causa beaucoup de dégâts. Des vents de 231 km/h furent enregistrés à Plaisance. Six personnes trouvèrent la mort, 34 furent blessées, et 3 706 Mauriciens se retrouvèrent sans abri. Plus près de nous, d’autres cyclones notables furent également enregistrés. Par exemple d’Hollanda, en 1994, dont l’œil est passé tout près du nord-ouest de l’île, avec des rafales de 216 km/h enregistrées à Port-Louis. Il fit deux morts et endommagea plus de 2 500 maisons.
Les plus gros cyclones enregistrés à Maurice depuis 1892:
1892 | 29 Avril | 216 kmh | |
1931 | 5 – 7 Mars | 137 kmh | |
1945 | 16 – 17 Janvier | 156 kmh | |
1960 | 16 – 20 Janvier | Alix | 200 kmh |
1960 | 25 – 29 Février | Carol | 256 kmh |
1961 | 22 – 26 Décembre | Beryl | 171 kmh |
1962 | 27 – 28 Février | Jenny | 235 kmh |
1964 | 17 – 20 Janvier | Danielle | 219 kmh |
1975 | 5 – 7 Février | Gervaise | 280 kmh |
1979 | 21-23 Décembre | Claudette | 221 kmh |
1989 | 27 – 29 Janvier | Firinga | 190 kmh |
1994 | 9 – 11 Février | Hollanda | 216 kmh |
1996 | 6 – 8 Décembre | Daniella | 170 kmh |
2002 | 20-22 Janvier | Dina | 228 kmh |
2003 | 12-13 Février | Gerry | 143 kmh |
2007 | 22-25 Février | Gamede | 158 kmh |