Poivre, un écologiste avant l’heure (1e partie)

Le 23 août Maurice célèbre le tricentenaire de la naissance de Pierre Poivre, Intendant de l’Isle de France, fondateur du jardin botanique de Pamplemousses. Le vendredi 23 août un message sera lu dans les écoles et un timbre sera émis pour commémorer l’événement. Histoire(s) Mauricienne(s) met en lumière ce personnage hors du commun.

Pierre Poivre est connu pour avoir brisé le monopole des Hollandais sur la route des épices. A Maurice on le connaît surtout pour avoir créé le jardin botanique de Pamplemousses et en tant qu’intendant de l’Isle de France. Mais peu de gens savent que, durant son mandat, ses interventions pour la protection de l’environnement furent déterminantes.

Né à Lyon, en France, le 23 août 1719, Pierre Poivre se familiarisa très tôt aux pratiques agricoles et à la culture des épices. Au départ il voulait se faire prêtre. En 1741, il partit en mission en Chine où il découvrit les mille et une subtilités de l’agriculture. Si l’homme n’était pas fait pour la prêtrise, le commerce des épices, en revanche revêtait à ses yeux un attrait irrésistible. C’est ainsi qu’en 1748, il se rendit dans le sud-est asiatique pour le compte de Compagnie française des Indes orientales. Les Français voulaient briser le monopole des Hollandais sur la route des épices

Poivre chercha les moyens d’obtenir, d’abord illégalement, des plantes et des semences, de muscade et de girofle sur les plantations hollandaises du sud-est asiatique. Le commerce des épices était hautement lucratif et les Hollandais gardaient jalousement les plantations.  Poivre réussit pourtant à en subtiliser quelques plantes et semences et choisit  l’Isle de France pour la germination et l’acclimatation. L’Isle de France est le terrain idéal pour la culture des épices.  En 1755 Poivre ramène du Timor 3 000 noix de muscade et des plants d’épices et fruits divers mais cette première acclimatation échoue.

Poivre décide alors de rentrer en France. En 1755-1756, il revient à Lyon el publie à cette époque le récit de ses trois expéditions aux Moluques et à Timor sous le titre Les Voyages d’un philosophe, qui ont du succès. Il épouse Françoise Robin, de trente ans plus jeune que lui.

En 1766 la Compagnie de Indes, en faillite, cède ses colonies à la couronne de France. Le 3 octobre 1766, le ministre de la Marine nomme Pierre Poivre à l’intendance des îles de France et de Bourbon. Il est en charge de toute l’administration civile des deux colonies. En 1767, à son arrivée il découvre l’Isle de France dans u état de grande dégradation et se met immédiatement au travail.

L’intendant Poivre avait deux objectifs principaux. Le premier était de restaurer les capacités du port de Port Louis, un point stratégique aux plans militaire et commercial dans l’Océan indien. Le port devait être capable  d’abriter une flotte française dans cette partie du monde. La colonie était aussi appelée à devenir un point d’entreposage pour le commerce et le bastion français contre la puissance militaire et commerciale britannique.

Mais Poivre voulait surtout assurer une indépendance alimentaire à l’Isle de France en développant l’agriculture. Celle-ci avait été sérieusement mise à mal par les calamités naturelles mais aussi à cause des erreurs commises sous les administrations successives.

Poivre entreprit, avec l’aide de ses assistants, l’ingénieur Charpentier de Cossigny et l’officier de marine Tromelin, de redresser l’Isle de France et son port. Plus que les gouverneurs successifs ce sont surtout ces hommes de vision, comme Pierre Poivre,  qui furent déterminants dans le destin de Port-Louis et de l’Isle de France en général. Il s’assura surtout de pouvoir enfin mener à bien son projet d’acclimatation d’épices et autres plantes. Son action pour la protection de l’environnement sera déterminante et aura des répercussions durant les siècles à venir…

(A suivre)

Sources Pierre Baissac – Royal Society of Arts and Sciences

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