Port-Louis : les débuts de l’administration britannique et le commerce du sucre

Après Rodrigues en 1809, La Réunion en juillet 1810, l’isle de France tomba au main des Britanniques en décembre 1810. Les Français capitulèrent le 3 décembre. Vaisseaux de guerre et bateaux de commerce, furent saisis et le Port Napoléon fut investi par 10 000 hommes de troupes, en partie indiennes.

Il y eut un empressement de la part des vainqueurs d’expédier les vaincus, si bien qu’entre décembre 1810 et janvier 1811, Port-Louis fut le point de départ d’un veritable exode. Les militaires français embarquèrent au fur et à mesure, à partir du 7 décembre et le 10, cinq navires appareillèrent avec près d’un millier d’hommes à leur bord. Puis les 16 et 17 décembre, trois autres navires partirent avec plus de 500 hommes. Les 2 et 3 janvier, puis encore le 8, plusieurs convois rapatrièrent en Inde des centaines d’hommes de troupe indiens dont la mission était terminée. Reprenant leur nom d’origine, Port-Louis et Maurice allaient rester britanniques pendant plus de 150 ans…

Vu la position stratégique de l’île, les Britanniques la préférèrent à Bourbon, conservant aussi Rodrigues et les Seychelles. Mais le flux migratoire qui avait caractérisé la période française, s’interrompit après la prise de possession. A partir de 1810, peu de Britanniques vinrent s’y installer, à part des enseignants, des fonctionnaires et quelques négociants. A l’inverse, un nombre non négligeable de familles d’origine française émigrèrent, même si la transition entre l’ancien et le nouveau régime fut progressif, s’effectuant dans le respect mutuel.

L’influence de l’administration britannique se fit sentir d’abord au niveau économique et eut une influence directe sur les activités portuaires. Robert Farquhar, celui qui avait pris Maurice aux Français, proclama en juillet 1811, la liberté de commerce avec le Cap. La colonie obtint l’ouverture de son port à tous les navires appartenant aux nations amies de la Grande-Bretagne.

Le premier gouverneur s’attela aussi à la tache de doter l’île de routes dignes de ce nom, notamment sur l’axe Port-Louis-Mahébourg. Mais c’est surtout le sort des esclaves qui le préoccupait le plus. Dès 1811, Farquhar revit complètement le fonctionnement du tribunal des esclaves. En 1813, il proscrivit la traite négrière et sévit contre les vaisseaux ou commerçants pris en flagrant délit.

Au début du 19e siècle, Maurice n’était pas encore une “île à sucre” comme l’étaient les autres colonies britanniques, dans les Antilles notamment. Durant les dernières années de l’occupation française, la plantation de la canne à sucre était surtout orienté vers la production d’arack, destiné aux cantines de la marine. Les ouragans devastateurs de 1818, puis de 1819, démontrèrent la résistance de la canne aux intempéries. La nouvelle administration décida donc d’en développer la culture, toujours sous l’impulsion de Farquhar.

Le rôle de Port-Louis allait changer. De port de négoce, le petit havre tropical allait devenir le point de départ d’importantes cargaisons de sucre. A la bourgeoisie de marine succéda une bourgeoisie de plantation. De 10 sucreries en 1798, le nombre d’usine s’établit à 106 en 1820. En 1810, il n’y avait que 9 000 arpents sous cannes dans toute l’île. Quinze ans plus tard la superficie couverte était de 27 800 arpents.

Mais ce qui changea la donne, ce fut la décision prise, en 1825, d’admettre le sucre mauricien sur le marché britannique au même taux de taxation que celui des Antilles. Cela allait provoquer un véritable boom sucrier dans les années qui suivirent, faisant de Maurice une colonie de plantation et de Port-Louis un port sucrier.

 

Sources : Histoire de la colonie, d’Amédée Nagapen – Port-Louis, histoire d’une capitale, de Jean Marie Chelin

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