Bâtie sans plan, Port-Louis présentait, en 1770, l’image d’un véritable chaos, à l’exception de quelques rues principales habitées par les personnes aisées, comme les rues du Gouvernement, du Rempart, du Champ de Mars, le reste n’était qu’un dédale de petites ruelles où les cases étaient bâties sans aucun ordre ou alignement.
Dans ces quartiers toutes les classes de la population vivaient, pêle-mêle. Il y régnait un désordre scandaleux, notamment avec la présence de femmes, libres ou affranchies, qui attiraient les hommes ayant désertés des vaisseaux ou des soldats n’ayant pu se faire à la difficile vie des armées, alors que les mauvais sujets d’Europe ou de l’Inde y pullulaient et s’y livraient aux plus coupables des trafics. Les choses changèrent avec les nouveaux règlements mis en place par les administrateurs royaux.
Port-Louis en 1784
Ce fut le Chevalier Desroches, arrivé l’année précédente qui, le premier, songea à ouvrir des rues spacieuses, alignées et se coupant à angle droit. Puis ce fut la separation complète des populations: les européens furent les seuls autorisés à vivre en centre ville, des terrains furent assignés aux affranchis formant le camp de l’ouest, les noirs affranchis du Roi eurent leur faubourg non loin de la rivière des Lataniers, le Camp des Yoloffs, et la population originaire des Indes fut établie à l’est de la ville, au delà du ruisseau des Pucelles. Pour faciliter le mouvement de la population, de nouvelles rues furent ouvertes dans les dédales des ruelles. C’est ainsi que furent créées les rues Royales, des Limites et Desforges.
(Extrait d’article Port-Louis de 1738 à 1803 d’Antoine Chelin, publié dans La Gazette des Iles de la mer des Indes – No 26 de janvier 1990)