Robert Surcouf, le héros du Port-Louis

Histoire(s) Mauricienne(s), en collaboration avec la Mauritius Ports Authority (MPA), met en lumière les personnages, petits et grands, qui ont façonné le port de Port-Louis au fil des siècles.

Entre la fin du 18e et le début du 19e siècles, pendant les guerres franco-anglaises de la République puis de l’Empire, les Anglais voulait s’emparer de Maurice. La guerre entre la France et l’Angleterre éclata en 1793. Maurice fut assiégée et coupée du monde. Port-Louis était la clé de la Mer des Indes mais surtout le repaire des corsaires qui portaient des coups terribles à la marine anglaise. Ne pouvant s’en emparer par la force, les Anglais établirent un blocus autour de l’île afin de forcer sa reddition.

Les premiers corsaires avaient déjà commencé à écumer la mer des Indes depuis 1779. Ils étaient détenteurs de lettres de marque remises par le gouverneur de l’Isle de France et qui les autorisaient à capturer des navires. Rien qu’entre 1779 et 1781 plus de 106 furent capturés. Leurs prises furent ramenées au Port-Louis qui devint très actif avec les armements des navires corsaires et la venue de navires étrangers venus acheter le contenu des prises.

Lorsque la guerre éclata, les corsaires redoublèrent d’audace. Le comte de Malartic, commandant général des établissements français au-delà du cap de Bonne-Espérance, avait été nommé gouverneur de l’Isle de France en juin 1792. Pour mettre fin à la famine, il contourna le blocus anglais et établit un accord avec les corsaires pour une protection contre les Anglais et pour l’approvisionnement de l’île en nourriture.

Des corsaires français comme du Tertre, Malroux, Drieux, Le Nouvel, Dufourq, Mariette, Carosin, Macquet, Le Blanc, Carosin combattirent l’hégémonie de la marine anglaise dans l’océan Indien et leur courage forçait l’admiration de tous. Les récits de leurs exploits leur conféraient un statut de héros surtout parce qu’ils contribuaient à ravitailler l’île. Mais le plus célèbre d’entre eux fut incontestablement Robert Surcouf qui avait fait de Port-Louis son port d’attache et son repaire.

Originaire de St Malo, Surcouf s’était embarqué pour la première fois à l’âge de 15 ans ½ sur un vaisseau de commerce. En route pour les Indes, il fit escale à l’Isle de France et tomba sous le charme de son exotisme. Il y revint en 1794 et combattit contre les escadres anglaises qui faisaient le blocus de l’île et se fit remarquer par sa fougue et sa combativité. C’est ainsi que des armateurs de la colonie lui confièrent, à 22 ans, le commandement de son premier bateau, L’Emilie. A partir de ce moment, il allait terroriser les navires anglais faisant route vers le Golfe du Bengale.

Au début de sa carrière, Surcouf agissait à la limite de la piraterie, puisqu’il ne disposait pas des fameuses lettres de marques.  Mais ses actes de bravoure et surtout les prises qu’il effectuait régulièrement, lui permirent de gagner la confiance de Malartic … et de s’enrichir! A chacune de ses escales à Port-Louis la population lui réservait un accueil chaleureux. Il fit l’acquisition d’une superbe maison au cœur de Port-Louis, située à l’arrière de l’hôtel du gouvernement (celle-ci existe toujours, en face de la municipalité de Port-Louis)

C’est en 1800 qu’il fit sa prise la plus célèbre, en plein océan Indien. A cette époque, il commandait un petit navire, La Confiance, avec 130 marins à bord. Un matin d’octobre sa route croisa celle d’un puissant navire de 1 500 tonneaux armés de 38 canons et avec à son bord 437 marins et soldats. Le Kent était « aussi haut que les tours de Londres ». Auprès de cette forteresse des mers, le petit corsaire ne pesait pas lourd. Et pourtant…  Manœuvrant habilement, Surcouf réussit à placer son navire sous la ligne de tir des canons anglais tandis que les canons de La Confiance déchiraient les flancs du puissant vaisseau anglais. Surcouf s’empara du Kent après une sanglante bataille. Cette magnifique prise créa un enthousiasme extraordinaire parmi les habitants de l’Isle de France mais ce fut aussi le dernier épisode de la guerre de course dans les Mascareignes, puisque, quelques années plus tard, les Anglais prenaient finalement possession de l’île.

Quant à Surcouf, il navigua dans l’océan Indien pendant une durée de 20 ans, avec quelques séjours à St Malo. Marin exceptionnel, combattant tenace, Robert  Surcouf, le sauveur de l’Isle de France, peut être considéré comme l’un des plus authentiques héros de l’histoire de Maurice.

Facebook