Simon Van der Stel, premier Mauricien et Commandeur du Cap

Depuis le Xe siècle, l’Ile Maurice était connue par les navigateurs arabes, nommée Dina Robin, elle ne fut cependant pas colonisée par ces derniers. Puis au XVIe siècle les Portugais passèrent dans les parages de l’île, sans lui accorder plus d’importance que les Arabes.

Ce fut donc la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales, la VOC, qui, en s’y installant pour le ravitaillement de ses navires voguant vers Batavia, capitale des Indes néerlandaises (aujourd’hui Jakarta), conféra à “Teylandt Mauritius” (nom néerlandais de l’île) un certain attrait.

En 1598, les Hollandais débarquèrent au sud-est de l’île, sous le commandement de l’Amiral Van Warwyck. Ils la nommèrent en l’honneur du Stadhouder (ou Lieutenant) Maurice de Nassau. Mais ce n’est que 40 ans plus tard que Maurice devint un point de ravitaillement sur la route des Indes. C’est sous l’occupation hollandaise que se développa l’exploitation du bois d’ébène (et sa destruction), et ce sont les Hollandais qui introduisirent les cerfs et la canne à sucre. Mais pas seulement, car ils contribuèrent aussi aux premiers fondements du petit peuple de l’île. Car c’est durant l’occupation hollandaise que naquit Simon Van der Stel, premier Mauricien historique.

A l’époque, les habitants de l’île était pour la plupart des soldats ou des esclaves venus d’Afrique ou de Madagascar. Personne n’était encore né sur ce sol. Simon Van der Stel est le fils d’Adrian Van der Stel administrateur néerlandais du petit comptoir pour le compte de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et de Maria Leviens, d’origine malaise, née à Batavia.

En fait, Simon naquit sur le bateau qui le transportait de Batavia à Maurice. Sa naissance fut officiellement proclamée à Maurice. Il y fit ses premiers pas et y vécu, avec son père et sa mère jusqu’à l’âge de six ans.

Adrian van der Stel fut probablement l’un des administrateurs les plus efficaces de l’île. Entre les années 1639 et 1645, il introduisit les cerfs et la canne à sucre. Il était chargé d’exploiter le bois d’ébène et d’assurer le ravitaillement des navires. Il eut malheureusement recours à des esclaves malgaches pour les travaux les plus durs.

A cette époque, des activités illicites s’étaient aussi mises en place dans la petite colonie. Certains forbans qui gravitaient autour de la riche VOC profitaient du faible nombre de soldats en poste pour faire la pluie et le beau temps, s’approvisionnant sans retenue dans les maigres réserves de l’île qui, ne l’oublions pas, était aussi recouverte à l’époque de bois précieux. Les occupants de la colonie n’étaient pas non plus exempts de tout reproche et commerçaient avec des trafiquants de passage qui n’hésitèrent pas à employer la force quand il le fallait.
La colonie fut aussi la proie d’autres fléaux: invasion de rats dans les cultures, cyclones, maladies. Tout cela mit la patience des administrateurs de la VOC à rude épreuve. De plus, les habitants essuyaient régulièrement la colère des esclaves en fuite, les marrons, qui faisaient des razzias dans les champs.

Adrian Van der Stel fut transféré dans une autre colonie encore balbutiante, celle du Cap, à la pointe méridionale de l’Afrique. Ce fut pour lui et sa famille un choix bienheureux. Car la famille Van der Stel fut celle qui développa le Cap et en fit une des régions les plus belles et les plus prospères d’Afrique australe.

C’est ainsi que Simon Van der Stel fut Commandeur de la ville du Cap en 1679, puis le premier gouverneur de la colonie néerlandaise du Cap. Il est aussi considéré comme le fondateur de l’industrie viticole d’Afrique du Sud. Stellenbosch, la deuxième ville coloniale de ce pays fut baptisée en son honneur (le “bush” de Van der Stel, en afrikans) et elle l’une des régions viticoles les plus prospères d’Afrique, voire du monde.

Un Mauricien a donc forgé le destin d’une plus belles régions d’Afrique du Sud. Un comble, aussi, pour un métis, dans un pays qui a institutionnalisé la ségrégation raciale…

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