Sir Gaëtan Duval : “la vérité sur Diégo Garcia”

Dans un pamphlet intitulé “Une certaine idée de l’île Maurice” et publié à la veille des élections de 1976, Sir Gëtan Duval partage avec les Mauriciens sa vision de l’île Maurice et donne sa version de certains faits qui ont marqué l’histoire du pays.

Lorsque les Anglais prirent possession de Maurice ils se retrouvèrent à la tête d’un vaste ensemble d’îles qui comprenait, outre Maurice, Rodrigues et les îles éparses, l’archipel des Seychelles et celui des Chagos. Les Seychelles furent excisées du territoire mauricien en 1905. La cession des Chagos à l’Angleterre intervint dans le contexte de l’indépendance. SGD attribue la responsabilité de ce “démembrement du territoire mauricien” au Parti Travailliste. Il replace l’affaire dans son contexte: celui des discussions constitutionnelles de Londres en 1965, qui allaient amener Maurice vers son indépendance.

En 1965, le Premier Ministre Seewoosagur Ramgoolam fait part au PMSD, membre de la coalition gouvernementale issue des élections de 1963, de l’intention du gouvernement anglais d’aborder la question de la cession de Diégo Garcia, en marge des discussions constitutionnelles devant mener à l’indépendance. Ramgoolam avait invité Jules Koenig, le leader du PMSD, à participer aux discussions. Mais le PMSD refusa catégoriquement, invoquant deux raisons principales.

“La première est que nous refusions d’envisager la cession d’un pouce du territoire mauricien et la deuxième que nous considérions ne pas avoir le mandat pour prendre une decision de cette importance”, explique Gaëtan Duval dans son pamphlet intitulé “Une certaine idée de l’île Maurice”. D’après le PMSD, il revenait au prochain Gouvernement qui serait élu d’après la nouvelle constitution de se prononcer sur la question. Le peuple mauricien aurait ainsi eu le loisir de se prononcer. Selon Duval, Ramgoolam fut vexé de ce refus et il reprocha par la suite au PMSD de ne pas avoir voulu partager les responsabilités sur cette question de cession de Diégo Garcia et des Chagos. Mais les discussions eurent quand même lieu. Diego Garcia fut donc cédé aux Anglais.

Toutefois, Gaëtan Duval pensait que Ramgoolam avait convaincu les Anglais de refuser la proposition du PMSD d’organiser un référendum pour l’independence, en échange de quoi ils obtenaient les Chagos…

Le PMSD resta au gouvernement dans le but de poursuivre les discussions constitutionnelles et de s’assurer qu’elles inclueraient les droits de l’homme ou encore qu’elles mentionneraient la Public Service Commission. Selon Gaëtan Duval, à aucun moment les Anglais ne prirent d’engagements concernant leurs droits sur l’archipel. Le seul droit que Maurice se réservait était celui d’exploiter des gisements pétrolifères, s’il y en avait dans la zone…

Fermemement positionné dans le bloc occidental, le PMSD n’était pas opposé à l’idée d’accorder des facilités miliaires aux puissances occidentales. Gaëtan Duval explique que le PMSD voulait simplement que Maurice conserve sa souveraineté sur Diégo Garcia de façon à avoir un atout pour discuter avec les puissances occidentales si jamais des questions essentielles devaient se poser pour le pays.

Mais la décision était déjà prise. Lorsque Diégo Garcia fut cédé aux Anglais pour Rs 40 millions, versés au fonds de développement, le PMSD se retira du gouvernement.

Sources: Une certaine idée de l’île Maurice, par Sir Gaëtan Duval – Crédit photo: G.I.S.

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