Maurice a 51 ans. Histoire(s) Mauricienne(s) aura bientôt 5 ans. Nous vous proposons une série de portraits de grands Mauriciens disparus, qui ont eu un rôle de premier plan dans l’histoire de leur pays. Elle culminera par la publication d’un numéro spécial en fin d’année. Vos likes détermineront votre personnalité préférée !
Il a disparu un mois de mai… Plusieurs fois Vice Premier ministre et ministre, lord-maire de Port-Louis, maire de Curepipe, chef de file du Parti mauricien social-démocrate (PMSD), homme de loi flamboyant, Sir Gaëtan Duval est un monument. Fin diplomate et brillant ambassadeur du tourisme, il fit connaître l’île Maurice dans le monde entier. Sa réputation a dépassé celle de son pays natal et son nom résonne encore là où il a laissé son empreinte, que ce soit aux confins de l’Afrique francophone ou dans les grandes capitales européennes.
Il naquit le 9 octobre 1930 au sein d’une famille de la petite bourgeoisie créole, à rue Barkly, Rose-Hill. Très tôt, il eut la douleur de perdre son père et, sans le soutien de sa tante son destin eût été différent. Grâce à cet encadrement familial, il eut une scolarité exemplaire puis partit pour l’Europe où il fit de brillantes études à Londres et à Paris. De retour au pays, ses prestations au barreau ne laissèrent pas la classe politique indifférente. Jules Koenig, homme de loi et leader du Parti mauricien, le prit sous sa protection.
Il fit son entrée au Parlement le 25 mars 1960 et décida de combattre la popularité du Parti Travailliste en établissant une relation de proximité avec ses mandants. Il défendit la cause des nombreuses victimes du cyclone Carol de 1960 et obtint les faveurs des minorités ethniques qui craignaient pour leur avenir.
Au lendemain de l’indépendance, alors que la situation économique est catastrophique et que des affrontements ethniques menacent de couper le pays en deux, Duval décide dans l’intérêt supérieur du pays de faire une coalition avec le plus Parti Travailliste, au détriment de sa popularité. A partir de ce moment, sa contribution au sein des différentes coalitions, riche et précieuse, sera à la base de l’édification de l’île Maurice moderne.
Mais Gaëtan Duval fut avant tout un grand humaniste. Brillant homme de loi, doué d’une mémoire hors du commun, il exerçait le métier d’avocat pour protéger la veuve et l’orphelin. Excellent en droit criminel, il s’engageait souvent dans des procès qui semblaient perdus d’avance, au détriment de sa popularité. Champion du capitalisme, il n’en a pas moins toujours défendu les droits des travailleurs. Gaëtan Duval aimait croquer la vie à pleines dents et vivait à 100 à l’heure, mais ne restait jamais insensible à la misère humaine.
Devenu Commandeur de la légion d’honneur en 1973, il fut élevé au rang de Chevalier en 1981 par la reine d’Angleterre. Mais ce grand Mauricien, adulé ou vilipendé, qui ne laissait personne indifférent est finalement parti sur la pointe des pieds dans la nuit du 5 mai 1996. Dans l’après-midi du 6 mai, une vraie marée humaine venue des quatre coins du pays, lui rendit un dernier hommage à St Jean où il est enterré. De mémoire de Mauricien jamais une foule ne fut aussi grande mais elle était assurément à la mesure de l’homme qui s’en était allé…