Sir William Newton, instaurateur de la première démocratie mauricienne

Maurice a 51 ans. Histoire(s) Mauricienne(s) aura bientôt 5 ans. Nous vous proposons une série de portraits de grands Mauriciens disparus, qui ont eu un rôle de premier plan dans l’histoire de leur pays. Elle culminera par la publication d’un numéro spécial en fin d’année. Vos likes détermineront votre personnalité préférée !

Sir William Newton, brillant avocat du barreau mauricien de la fin du 19e siècle, entreprit d’instaurer la première démocratie à Maurice avec le concours du gouverneur britannique Sir John Pope Hennessy (1883-1886 et 1888-1889). Le mouvement réformiste créé en 1882 et dirigé par Newton, réclamait l’introduction d’un élément électif au Conseil Législatif, une participation plus directe des colons à l’administration de leurs affaires. Autrement dit, l’ouverture du système électoral non plus aux seuls officiers anglais, mais aussi aux colons et aux autres possédants, dont des Indo-mauriciens.

Né à Port Louis le 14 mars 1842, William Newton avait fait ses études secondaires au Collège Royal, puis des études d’avocat en Angleterre. En 1882, il devint le conseiller légal de la Chambre d’Agriculture. A ce moment-là, John Pope Hennessy vint avec un projet de nouvelle Constitution qui plut donc forcément à William Newton.

En introduisant un droit de vote basé sur des franchises et qualifications moins élevées, Pope Hennessy voulait aussi donner le droit de vote aux notables indo-mauriciens. Le Gouverneur s’attira les foudres de ses adversaires dans la colonie mais le Colonial Office, était favorable à son projet. Il y eut pas mal de remous dans la colonie, mettant en opposition ceux qui étaient en faveur de la réforme, dirigés par William Newton lui-même et Virgile Naz et les anti-réformistes, sous la férule de Sir Célicourt Antelme.

Le 20 octobre 1885 une nouvelle Constitution vit le jour, qui donna la possibilité aux électeurs de choisir les députés qui devaient siéger au Conseil Législatif. En 1885, grâce à ce nouveau système, William Newton entra au Conseil du Gouvernement, en compagnie d’autres compatriotes. Le cens électoral de cette Constitution était restreint. Il n’octroyait pas à toute la population adulte le droit de vote. Seuls les propriétaires d’un immeuble valant Rs 3 000 ou ceux recevant un salaire mensuel de Rs 50 étaient considérés comme électeurs. Sur une population de 360 000 habitants, seulement 4 000, tous des hommes, eurent le droit de vote.

Lorsqu’en 1886 une commission d’enquête suspendit Pope Hennessy de ses fonctions, les réformistes s’opposèrent à cette action dans une lettre signée par 6 800 personnes. William Newton fut choisi par la population pour défendre Pope Hennessy à la Cour de Londres et il gagna le procès. Le 12 juillet, Pope Hennessy fut réintégré dans ses fonctions et administra Maurice jusqu’au 11 décembre 1889.

William Newton fut élu membre du Conseil de Port Louis en 1889. En plusieurs occasions, il fut président de la Société Royale des Arts et des Sciences. Il fut aussi un grand défenseur de l’industrie sucrière. C’est lui qui, lors d’un voyage en Angleterre en 1887, persuada le Secrétaire d’Etat d’établir une station agronomique à Maurice. Il défendit les intérêts de la communauté agricole devant les commissaires royaux en 1909 et se déclara en faveur de l’établissement d’une banque agricole prêtant de l’argent aux planteurs à faible taux d’intérêt.

Aujourd’hui, Sir John Pope Hennessy et Sir William Newton sont réunis pour la postérité, à la Place d’Armes à l’entrée de Port-Louis, où leurs statues font face à l’Hôtel du Gouvernement. En souvenir des services rendus à la démocratie et aux droits fondamentaux des Mauriciens à l’auto-détermination…

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