Vient de sortir : Tamarin une histoire de surf, publié par Veranda et écrit par Thierry Chateau. Ce beau livre de textes et d’images raconte l’histoire du surf à Tamarin, village de pêcheurs de la côte sud-ouest de Maurice et qui abrite l’un des meilleurs « spots » au monde. Histoire(s) Mauricienne(s) vous raconte cette belle histoire…
Tamarin une histoire de surf, est d’abord l’affaire d’une rencontre. Celle qui a eu lieu en 2018 entre François Eynaud, patron de Véranda et Jean-Pierre Henry, l’un des pionniers du surf mauricien. Ils confient l’écriture des textes à Thierry Chateau, journaliste, écrivain, blogueur… et surfer local. C’est aussi une histoire de passion, pour le surf, sport mystique, pour un spot, la gauche de Tamarin. Mais c’est surtout un état d’esprit, celui du surfer, amoureux de la nature, amateur de sensations fortes, sans entrave ni limites.
La préface est signée Joël de Rosnay, celui qui a introduit le surf à Maurice. Le livre contient de nombreuses photos des collections personnelles de Jean-Pierre Henry, Cyril Thèvenau, gourou du surf mauricien, d’Edley Miquel, l’un des meilleurs surfers des années 70 et 80, ainsi que Chan Chunwan, et Ludovic Henry. L’ouvrage bénéficie aussi de la participation des photographes Patrick Laverdant, Keivan Cadinouche, Amaury Bouchet et Virginie Tennant.
Cet ouvrage bilingue, avec des traductions anglaises de Claire Coulier, a été conçu par et mis en page par Inedi et imprimé par IPC. Histoire(s) Mauricienne(s) publie en exclusivité un extrait en français de Tamarin une histoire de surf.
« Lorsque les premiers navires surmontés de grandes voiles carrées firent leur apparition aux larges des côtes de celle que l’on appelait l’île des Cygnes, les navigateurs surent se méfier de l’aspect faussement paisible de cette baie abritée mais ouverte aux caprices des houles du sud qui surprennent les imprudents.
Apres avoir porté le nom de rade des Moluques sous les Hollandais, la baie prend le nom de la rivière du Tamarin sur la carte de l’abbé de La Caille (1753). En 1768, le gouverneur Daniel Dumas et l’intendant Pierre Poivre désignent toute la région du nom du Tamrindus indicus que l’on y trouve en abondance. Elle est irriguée par la Rivière du Rempart et celle de Tamarin qui, après avoir franchi les gorges des Sept cascades, traversent une plaine avant de se jeter dans la baie. Certains affirment même que le poète Charles Baudelaire, venu à Maurice en 1841, s’y serait adonné aux plaisirs d’une baignade dans les vagues… Dans La Chevelure, il décrit la sensation de « la houle qui m’enlève » ou encore dans La vie antérieure il évoque de façon voluptueuse « la splendeur des houles mêlées aux couleurs du couchant » ».
(…)
« L’île Maurice des années 60 était une sorte de paradis perdu à l’écart du monde, que tout le monde croyait abandonnée des dieux. Une île à sucre cherchant sa voie, malmenée par les cyclones et qui se débattait dans le sous-développement.
Lorsque Joël de Rosnay atterrit à Maurice, un hiver de l’année 1962, il se rend directement à Tamarin. Un endroit isolé du reste de l’île. Un petit village de pêcheurs côtiers et de petits planteurs et éleveurs. Surtout des marées salants pour la fabrication du sel. Quelques bungalows disséminés sur le linéaire côtier à l’abri des filaos, les grands casuarinas qui procurent ombre et fraîcheur Et puis sa baie, accueillante par temps calme, effrayante les jours de houle forçant les pêcheurs à tirer leurs barques le plus haut possible sur la plage
Des jeunes gens téméraires osaient y affronter les vagues en y prenant un réel plaisir. Ils pratiquaient le body surf sur des planchettes plates d’un mètre qui permettaient de glisser allongé en suivant le déferlement de la vague jusqu’à la plage, exactement comme les Hawaïens du siècle passé. C’est dans cet environnement idéal, aux vagues quasiment inexplorées, que débarquent Joël de Rosnay et son frère Arnaud.
Cette année-là, on a marché sur l’eau dans la baie de Tamarin. La même année les Beach Boys, formé en 1960, sortent Surfin Safari. La surfin way of life importée de Californie et déjà bien implantée à Hawaï, en Australie, va atteindre les rivages de Maurice. Un groupe se constitue qui va lancer le surf à Tamarin, puis sur d’autres spots à travers l’île. »
Histoire(s) Mauricienne(s) publiera, prochainement et toujours en exclusivité, d’autres extraits du livre. A suivre…