Amédée Maingard, pionnier de l’aviation et du tourisme

Amédée Maingard est probablement l’un des plus illustres Mauriciens de sa génération, voire de tous les temps. Le réalisateur Michel Vuillermet, grand ami de Maurice, lui consacre un documentaire de 75 min, à paraître fin 2017. Histoire(s) Mauricienne(s), co-producteur du film, vous en propose un résumé, en exclusivité.

Tout le monde l’appelait Dédé. Disparu prématurément en 1981 à l’âge de 63 ans, Amédée Maingard a tenu un rôle essentiel dans le récit historique de l’île Maurice contemporaine. Il avait accompli une guerre remarquable dans les maquis du centre de la France. Deux siècles auparavant à Saint-Malo, sans doute aurait-il fait un capitaine corsaire courageux dans la lignée de ses ancêtres enrôlés dans les équipages de Jacques Cartier, le découvreur du Canada? Mais il fut surtout l’un des rares Franco-mauriciens à prendre résolument position pour l’indépendance, dans une île où les Indo-mauriciens constituaient la majorité de la population.

Au milieu des années soixante, Maurice, qui fut successivement française et britannique, se devait de sauter le pas décisif de l’émancipation. Pauvre, dépendante de la canne à sucre, affaiblie par le chômage et l’exode des classes moyennes, l’île pouvait basculer dans la guerre civile. Sans ligne aérienne régulière depuis l’Europe et sans hôtel, le tourisme n’existait pas alors. L’avenir était plus qu’incertain mais l’intelligence de ce qu’il restait des élites économiques et politiques allait faire mentir le scénario du pire…

Michel Vuillermet, réalisateur reconnu a, depuis vingt-cinq ans, accompli de nombreuses escales dans le pays (il est, notamment, l’auteur du documentaire Zafair Kaya, réalisé en 2000 et d’une vingtaine de documentaires historiques). Il s’est attelé au portrait kaléidoscopique de ce capitaine d’industrie magistral qu’est Amédée Maingard et propose, à travers les siècles, un dialogue fécond entre Port-Louis et Saint-Malo, entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique, entre l’île Maurice et le Monde.

Les acteurs principaux de cette épopée économique et politique se sont peu à peu imposés à lui et, aujourd’hui, il a rencontré et filmé des hommes et des femmes proches d’un Dédé Maingard, héros de la résistance, bâtisseur et pionnier de l’aviation et du tourisme. Vingt grands témoins – membres de la famille, proches collaborateurs, historiens, observateurs – dessineront les contours d’une personnalité tout aussi pudique qu’exceptionnelle et traceront les lignes de force d’une aventure humaine marquante dans l’Océan Indien et le monde.

Les archives, souvent rares, rassemblées par Michel Vuillermet, vont donner toute leur profondeur à cette production documentaire qui ne pourra, à l’aube du cinquantenaire de la République de Maurice, que faire date et participer au rayonnement international d’une destination sûre dont le nom même rime aujourd’hui avec évasion, exotisme et partage. Un pays émergeant et multi-culturel en paix, peuplé d’un million et demi d’habitants dont le niveau de vie et la diversification économique portent la signature d’une prospérité exceptionnelle. Un modèle de réussite que ne cessent d’observer les plus grands spécialistes internationaux et qui attire les voyageurs venus de la terre entière.

Tel un porte drapeau de cette mauricianité rayonnante, Amédée Maingard s’impose aux yeux de tous comme l’un des plus illustres Mauriciens de sa génération, voire de tous les temps. Tous les témoins s’accordent à dire qu’il fut un homme d’une modestie et d’une discrétion remarquables, fidèle en amitié et rétif à toute forme d’ostentation, manifestant des égards de gentleman à ses employés, quelque soit leur fonction dans l’organigramme des firmes qu’il dirigeait. Abreuvé par les racines de la mer cultivées par ses ancêtres, il devint à son tour un défricheur, un pionnier à la recherche inlassable des racines du ciel.

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